Quatrième de couverture : Sur une planète lointaine et hostile s’est écrasée une créature titanesque.
Dans cette carcasse putréfiée, l’humanité a érigé Karkasstad, une cité industrielle où, au péril de leur vie, les ouvriers arrachent à la dépouille les substances organiques nécessaires à l’Alchimie dont les formules savantes ont supplanté la science.
Au centre de cette métropole moribonde, entre les fumerolles méphitiques et les grondements prolétaires, Knaagdier, à la fois détective et médecin de la peste, enquête sur une étrange maladie qui ronge la chair des habitants de cette cité-tombeau.
Le polar rencontre la science-fiction à Karkasstad, où l’alchimie a supplanté notre science. Julien Heylbroeck (Malheur aux gagnants, El Hijo del Hierofante) vous immerge dans les boyaux d’une métropole organique aux proportions titanesques. Roman à la croisée des genres, Lazaret 44 vous emportera dans un voyage aux confins du temps et de l’espace, entre Raymond Chandler et H. P. Lovecraft, entre Frank Herbert et Karl Marx.
Julien Heylbroeck est né à La Rochelle en 1980. Il commence à écrire dans le domaine du jeu de rôle, participant à plusieurs gammes, chez divers éditeurs. Il franchit le pas vers les littératures populaires en 2011. Depuis, il a publié une dizaine de romans, une trentaine de nouvelles, codirigé trois anthologies et signé plusieurs fascicules chez Le Carnoplaste. Il passe un temps de l’autre côté de l’édition en cofondant TRASH Éditions. Passionné par les films de série B, voire Z, il s’aventure avec délectation dans le gore, l’horreur, la SF, l’urban fantasy, le fantastique ou le polar. Dans la vie où il faut payer les factures, il est travailleur social et maraude au Samu social. À ses heures perdues, il coanime une émission de radio consacrée aux disques vinyles. Il vit en couple, a un chien un peu fou, deux belles filles et s’est installé dans le Maine (et Loire, tout de suite, ça fait moins Stephen King).

Détails techniques :
Science-fiction / Polar
Editeur : Les Moutons électriques, coll. La Bibliothèque voltaïque (2022)
464 pages (broché) – 23 €
Numérique : 5,99 €
L’air est irrespirable, âcre, chaud et lourd. Les centaines de cheminées crachant constamment leurs panaches noirs accentuent encore cette sensation. Les effluves sont si épais que l’on a plus la sensation d’avaler quelque chose de tangible que d’inspirer. La nausée est inévitable, sauf pour les natifs.
Le voyageur avisé porte un respirateur, pour son confort et pour se protéger du sanglot, l’étrange épidémie frappant les habitants de Karkasstad.
La cité libre est un éden économique. Elle exporte aux quatre coins du cosmos des denrées de première qualité, raffinées et transformées. Pourtant, y vivre n’est pas une sinécure. En effet, la ville doit sa fortune à l’immense cadavre sur lequel elle a été édifiée. Un architeuthis, immense créature voguant dans les immensités célestes, s’est écrasé ici. Sa colossale dépouille toxique abrite habitations, mines et raffineries… Les fluides issus de sa lente décomposition créent une mer empoisonnée qu’il faut constamment pomper. Ceci explique l’odeur de charogne omniprésente.
De riches familles tirent leur fortune des ingrédients alchimiques produits sur cette immense montagne de putréfaction et de parasites. Il n’en va pas de même pour le bas peuple s’échinant au travail tout en se nourrissant de champignons, de cuviande et d’une épaisse bière noire dont il vaut mieux ignorer la composition.
C’est dans ce décor original que l’auteur Julien Heylbroeck nous invite à suivre une histoire sombre aux multiples rebondissements. Tout commence avec un médecin alchimiste, un mire, nommé Knaagdier. Ce dernier œuvre en secret pour une immense guilde interstellaire. En parallèle, Knaagdier recherche l’amour de sa vie dont les traces disparaissent à Karkasstad. Sa route croisera celle d’ouvriers luttant pour leurs conditions de vie, de malades du sanglot en proie à d’horribles mutations, de politiciens écartelés entre le bien de leur cité et leurs intérêts personnels… Sans oublier l’austère dispensaire spécialisé dans le traitement du sanglot, le Lazaret 44…
L’univers décrit ici par l’écrivain est une véritable bouffée d’air frais (ce qui est un paradoxe) pour les amateurs de littérature d’imaginaire. Enfin quelque chose d’original, à la croisée de la science-fiction, du steampunk et du polar. Notons que l’ouvrage souffre d’un certain nombre de coquilles toutefois, l’excellente maison d’édition Les Moutons électriques et l’auteur en sont bien conscients. Cela sera corrigé lors de la réédition du livre.
Ma note :
Une critique de Genkis publiée en 2022 dans l’Hebdo Le Poher, avec leur aimable autorisation.