Critique : « Bohème », de Mathieu Gaborit

Quatrième de couverture : Après la révolution industrielle, l’Europe a été submergée par une substance étrange et dangereuse, l’écryme. Reliées par le fragile réseau des traverses d’acier, seules quelques cités gouvernées par l’aristocratie capitaliste émergent dans cette mer corrosive. Mais sous le joug de la propagande, la révolte gronde…

Quand un dirigeable porteur d’une précieuse cargaison clandestine s’échoue dans l’écryme, c’est Louise Kechelev, avocate-duelliste et fille de révolutionnaires praguois, qui est chargée de récupérer la cargaison… Pour elle, c’est le début d’un voyage sans retour aux confins des traverses, où se murmure le nom d’une cité perdue : Bohème.

« Un roman tout de bruit et de fureur… Mathieu Gaborit a inventé tout simplement le steampunk à la française : racé, baroque et séduisant… » Le Monde des Livres

Mathieu Gaborit, né en 1972, s’est imposé d’emblée comme le chef de file des écrivains de Fantasy française avec le succès des Chroniques des Crépusculaires, suivies d’AbymeBohème ou encore Confessions d’un automate mangeur d’opium (écrit avec Fabrice Colin). Avec Les Chroniques des Féals, traduites en plusieurs langues, il est revenu à cette Fantasy épique gorgée de magie qui l’a rendu célèbre et dont il a donné une vision unique et fascinante.

Détails techniques :

Science-fiction / Steampunk – Diptyque

Editeur : Mnémos (1997) / Folio SF (2010) / Mnémos, coll. Hélios (2022)

Intégrale : 304 pages (broché) – 30 € / 336 pages (poche) – 11,90 € / Numérique : 5,99 €

Diptyque Bohème :
1. Les Rives d’Antipolie (1997)
2. Revolutsyia (1997)

Le soleil se reflète sur une mer huileuse et épaisse. Les hélices poussent paresseusement un aérostat de la compagnie Kechelev survolant un immense pont dont les pieds se perdent dans ce liquide que tous nomment « Écryme ». Voici mille ans, cet océan d’acide a rongé le monde, n’épargnant que quelques îles.
Le viaduc colossal porte manoirs, masures, poteaux télégraphiques, gares et lignes de chemins de fer filant vers les cités. Ces « traverses » connectent les dernières villes tout en restant engoncées dans des traditions archaïques, entre servage et guerre.
Au loin se dressent les orgueilleuses tours et cheminées d’une cité. Ces dernières recouvrent ou exploitent toute terre à leur portée, avides de ressources que leurs usines recrachent en d’épaisses fumées. Le niveau de vie y est meilleur que sur les traverses mais l’espace manque et la nourriture fait parfois défaut. Les populations œuvrent sans relâche pour leur survie sous la férule de despotes, mais le vent de la révolution souffle.

Louise Kechelev, fille de révolutionnaires, est avocate duelliste, ses plaidoiries comme ses pistolets font bien souvent mouche. Elle ne connaît que peu de choses du monde. Son horizon se limite aux murs de sa ville frangée d’écryme. La famille possède une compagnie de fret aérien servant de couverture à leurs activités contestataires. Hélas, un de leurs aérostats s’est abîmé près d’une traverse. Un seigneur local négocie la restitution de la cargaison sous conditions. De leur côté, les autorités de la cité ont eu vent des actions de la famille. Les terribles métropolites sont sur leurs traces. Récupérer la marchandise et fuir deviennent les seules options. Louise se lance sur les traverses, porteuse des espoirs de ses proches, talonnée par les séides d’une cité qui ne tolère aucune opinion déviante.
Et puis il y a l’écryme qui guette le moindre faux pas. Cette écryme qui horrifie autant qu’elle fascine, attirant aventuriers et prospecteurs. On dit qu’elle abriterait la Bohème, une cité paradisiaque perdue…
Louise va devoir puiser dans ses ressources pour tenter de surmonter les obstacles, sauver sa famille et rejoindre la révolution.

Bohème, de Mathieu Gaborit, est édité aux Éditions Mnémos. L’auteur décrit ici un univers unique propice à la rêverie comme à l’héroïsme. Entre obscurantisme et pénurie de ressources, l’humanité est bloquée dans une révolution industrielle sans fin. En découle un univers steampunk où se mêlent quelques ingrédients post-apocalyptiques et fantastiques. Cet ouvrage est une référence, à la manière du roman La lune n’est pas pour nous de Johan Heliot, paru chez le même éditeur. Loin de la science-fiction et de ses sabres laser, de la fantasy et de ses éternels Orcs, Nains ou Elfes, le steampunk offre une alternative rafraichissante aux habituelles autoroutes de l’imaginaire. Tant et si bien qu’un jeu de rôle nommé Écryme permet aux joueurs de s’immerger dans cet univers foisonnant où la magie affleure en permanence.

Ma note :

Note : 9 sur 10.

Une critique de Genkis publiée en 2021 dans l’Hebdo Le Poher, avec leur aimable autorisation.

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