
Aujourd’hui, un sujet qui me tient à cœur : les choses que je déteste dans les livres.
Bon, d’accord, je suis totalement subjectif. Comme tout le monde, j’ai mes auteurs fétiches et certaines formules marchent systématiquement avec moi et me font acheter des tonnes et des tonnes de livres. Oui, c’est bien du drama dont je parle. Pourtant, certains livres acclamés me laissent de marbre. Après discussion avec ma sœur (aussi fada de livres que moi), je me suis rendu compte que pour elle c’était les triangles amoureux clichés qui l’énervaient. Alors que moi j’ai adoré la relation ambigüe entre Bella, Edward et Jacob… Non, je plaisante… Mais du coup, je me suis sérieusement posé la question : qu’est-ce qui fait que je n’aime pas un livre, que je n’arrive pas à accrocher à l’histoire ou aux personnages ?
Voici donc une liste des petites choses qui me gâchent un bon livre. Un encore, ça passe, mais s’il y en a plusieurs je finis en général par me goinfrer pour oublier le calvaire qu’était ma lecture. Car oui, je suis un goinfre homme sensible !
LE STYLE
Concernant le style de l’auteur, le plus frustrant selon moi, c’est sans doute la sous-explication ou au contraire la sur-explication. Dans le premier cas, l’auteur veut faire planer un certain mystère sur ce qu’il se passe, et ils nous plonge volontairement dans le noir en ne nous révélant pas des éléments clés. Il peut s’agir de nouveaux personnages dont on ne sait pas qui ils sont, d’objets étranges, de lieux ou de relations. À petite dose, c’est très bien. Quand il y en a trop, lire devient un effort, une laborieuse pêche aux informations. Bref, j’aime pas !
Au contraire, dans certaines œuvres il est nécessaire de faire quelques rappels. Surtout dans les cycles à l’univers conséquent où on peut être perdu sous l’avalanche de personnages. Robert Jordan, dans mon cycle préféré, La Roue du Temps, rappelle ainsi à quasiment tous les tomes en 2-3 lignes ce qu’il s’est passé dans les tomes précédents et en passant les traits de caractère ou aspects physiques des personnages qu’on n’a pas croisés depuis un moment. Mais d’autres abusent. À la fin de la saga L’Épée de Vérité (excellente par ailleurs), peut-être parce qu’il était à court d’idées pour rallonger le livre, M. Goodkind ressent le besoin de nous rappeler systématiquement l’intrigue. Ça donne grosso modo « Découverte d’une pierre étrange d’où sortent régulièrement des prophéties. Réflexion sur dix pages. C’est sans doute un genre de machine qui fait des prophéties. Dix pages de blabla. Oh curieux, les prophéties semblent s’avérer exactes. Comme si c’étaient des prophéties. Allons expliquer à machin qu’on a découvert que… Machin surpris demande qu’on lui rappelle tous les faits. Avant d’aller les réexpliquer en urgence à bidule ». Voilà comment on passe d’une saga grandiose qui s’était conclue à un bouquin indigeste qui rallonge inutilement une série. Beurk !

Troisième point, le remplissage par l’action. Certains auteurs sont particulièrement doués pour narrer des scènes d’action et en mettent donc régulièrement. D’autres ont du mal à faire avancer leur scénario et tentent donc de remplir avec de la castagne ou du cul. En général, du fait de leur (relative) rareté, ces passages dynamiques passent inaperçus. Sauf, une fois encore, quand on en met trop. Je vous renvoie par exemple à l’adaptation Halo : Les Floods qui aurait pu faire un bon bouquin de SF s’il n’y avait pas littéralement un combat toutes les 3 pages ainsi qu’a Kushiel qui, lui, reste un bon bouquin avec un univers riche… mais où l’auteure a décidé de garder l’attention de son public en résolvant systématiquement ses problèmes scénaristiques en faisant coucher l’héroïne. Rien que ça…
Autre problème que j’ai avec le style de certains auteurs, c’est l’abus d’ellipses, d’allers-retours incessants dans le temps et un format « épisode » calculé pour entretenir notre intérêt. Je dit non. Si l’histoire était dénuée d’intérêt dans l’ordre « normal », elle le restera si on rajoute autant d’astuces… Ce sera seulement plus long et plus frustrant de s’en rendre compte.

Dernier point, j’aborde un sujet sensible puisque je vais médire de Game of Thrones (enfin les bouquins). Parfois, l’univers est riche, les personnages intéressants… mais le style est tout simplement archaïque dans ses formulations ou juste pataud. J’ai bien aimé les livres mais, que ce soit en VO ou en VF, certains passages sont loooongs. Des phrases inutilement alambiquées. D’autres sans verbe. C’est fatiguant à lire et souvent trop long. Quant à la série, si elle a évité ce problème avec une narration dynamique mais pourtant énormément de dialogues et de scènes d’approfondissement des personnages, on a quand même droit lors des premières saisons à du remplissage. Vous pouvez vérifier mais, au début, il n’y a pas un seul épisode sans sa scène de sexe, ou au minimum de nu. C’est du remplissage attractif (soyons honnêtes :P) mais du remplissage quand même !
LES PERSONNAGES
Point clé du récit, on peut souvent s’identifier à eux, ou même simplement éprouver de l’empathie… sauf s’ils nous déplaisent.
Je ne parle pas ici de personnages « méchants ». Juste d’individus auxquels on n’arrive tout simplement pas à s’intéresser. Pour moi, c’est le cas quand ils sont trop stupides ou trop bons. Niveau stupidité, ça paraît évident : on ne peut pas apprécier un livre si on doit se taper la tête contre le mur toutes les dix pages devant la dernière idiotie du personnage principal. Pour la bonté/perfection, c’est plus mesquin. Je n’ai pas envie que mon personnage soit parfait, parce que si c’est le cas je vais juste m’ennuyer. Le conte du chevalier blanc sans défaut, merci, mais non merci. Et puis sincèrement difficile avec ma pléthore de défauts de m’identifier au personnage s’il est un combiné du charisme de Brad Pitt avec la bonté naturelle de Mère Teresa et l’intelligence d’Albert Einstein. À la limite, si on inverse tout ça, pourquoi pas…

Cependant, ce qui m’énerve le plus chez un personnage fictif, c’est qu’on tente de lui coller une étiquette qui n’est pas la bonne. Je m’explique. Souvent l’auteur va nous expliquer qu’un futur héros n’est qu’un campagnard qui ignore tout du monde (scénario classique en fantasy). Deux minutes plus tard, M. Pécore va démonter trois chevaliers et un dragon. À sa décharge, il se sera entraîné consciencieusement pendant trois heures avec un bâton. Je dis non ! Okay, le procédé est classique, dans le sens où on nous présente une situation que l’on brise par la suite pour renforcer l’intérêt du lecteur. Mais parfois, c’est trop flagrant ou juste pas crédible.
Récemment, j’ai lu deux livres qui illustrent parfaitement tout ça. Dans le premier, on a affaire à un anti-héros, lâche, manipulateur et égoïste. Sauf qu’à chaque fois qu’un pépin se présente, on a droit à l’explication de son point de vue qui nous dit qu’il n’a pas le choix et qu’il doit faire semblant d’agir à l’opposé de ce qu’il voudrait. Donc, en fait, c’est un héros qui agit toujours bien (pour de mauvaises raisons) et qu’on tente absolument de nous vendre comme un anti-héros. Dans le deuxième livre, c’est une jeune héroïne qui part à l’aventure dans une mission dangereuse pour ne pas mettre en danger ses proches. Au final, on s’aperçoit que d’une elle n’est pas douée du tout pour ce qu’elle fait, et deux que les proches en question sont obligés de la suivre en douce et de l’aider régulièrement. Pire, une fois confrontée à ce fait, elle continue de se « sacrifier » pour les protéger. Les rôles sont juste inversés, ça en devenait si ridicule que je n’ai pas pu finir ce livre.
L’UNIVERS DU LIVRE
Le premier point qui me pose problème est totalement de ma faute. À force de lire essentiellement dans les mêmes genres littéraires, je commence à être rodé comme finit par l’être tout lecteur passionné. Du coup, trop souvent, je me retrouve à lire un livre et à conclure mon aventure par un « mouais, pas mal mais trop classique » désabusé.
C’est bien dommage, surtout que si j’avais lu ce même livre il y a quelques années, je l’aurais sûrement bien plus apprécié. Parfois à des années d’écart, deux livres peuvent raconter deux histoires semblables et, sans le vouloir, on ne pourra que considérer le deuxième qu’on lira comme moins bon, simple répétition du premier.
À force, on peut commencer un véritable jeu de découpage. Prenez un livre classique d’un genre que vous aimez et connaissez bien, et tentez d’avancer dans l’intrigue en retrouvant des éléments d’autres livres. Peut-être le personnage principal ressemble-t-il à Harry Potter. Tandis que l’amour de sa vie est un portrait craché de Daenerys. L’univers dans lequel ils évoluent fait vraiment penser à Hunger Games avec son gouvernement manipulateur. En plus, tout est centré autour d’un artefact magique surpuissant qui pourrait être l’anneau unique du Seigneur des Anneaux. En plus, leurs ennemis emploient des créatures étranges qui ressemblent à des vampires. Etc, etc… plus vous connaissez de livres, moins ce découpage devient caricatural et plus il est facile.
Enfin, le dernier point concerne l’emploi des Fusils de Tchekhov. Ce procédé utilisé aussi souvent au cinéma qu’en littérature signifie que si vous placez un élément dans votre récit (tel un fusil), il doit absolument servir par la suite, sinon il n’y a aucun intérêt de l’intégrer à l’histoire en premier lieu. Là encore, mon problème est avec les deux extrêmes.
Dans les Sherlock Holmes de Sir Arthur Connan Doyle, il n’y en a jamais. On nous présente du point de vue du Dr Watson une scène de crime de façon lapidaire : quatre murs, un toit et un cadavre au milieu. Seulement ensuite apparaît Sherlock pour nous expliquer que c’était élémentaire, la victime avait été étranglée avec l’élastique trouvé trois pâtés de maison plus loin et que l’agresseur est un mécanicien d’un mètre quatre-vingt-dix vivant dans le nord de Londres d’après la couleur de la boue de ses chaussures et l’âge du capitaine. Là, le Fusil de Tchekhov est totalement absent, on nous a purement et simplement masqué des éléments de l’intrigue pour renforcer le génie de Sherlock. Heureusement, il existe de très nombreux romans en hommage à Sherlock Holmes qui n’utilisent pas cette facilité et qui sont excellents.

L’autre extrême survient quand, lisant tranquillement les premières pages du récit, vous tombez sur un élément introduit avec plus ou moins de maladresse qui vous fait arrêter un instant votre lecture et dire :
« Ah, je parie que ce truc va être utilisé pour résoudre tel problème par la suite ». D’une arme secrète en passant par un gadget magique, un talent apparemment inutile d’un personnage, un trait de caractère ou même un lieu… trop flagrants, ils ruinent la lecture parce ce qu‘on sait déjà comment les choses vont se terminer. Le pire étant ces « gadgets » sortis de nulle part qui auraient pu tout résoudre dès le début. Pour ne pas les citer, parlons des aigles dans Le Seigneur des Anneaux ou Bilbo le Hobbit qui résolvent absolument tous les problèmes insolubles.
ce qui devrait me poser problème
Parmi tous ces « défauts », beaucoup sont voulus ou imputables à moi-même. Pourtant, bien d’autres bénéficient d’une indulgence coupable de ma part. Je sais que je devrais tiquer et pourtant je passe l’éponge. Le plus évident pour ceux qui me lisent, c’est le dramatique. S’il y a du drama, j’aime. La montée des enjeux, les situations emberlificotées à l’extrême et les dilemmes moraux font ma joie, sadique lecteur que je suis. Si l’univers est sombre, les personnages tourmentés et leurs problèmes insurmontables à l’excès, j’adore !
L’humour foireux est également un de mes points faibles. Je suis un fan de ces situations gênantes où des personnages font une blague ou sont victimes d’un coup du sort et où tout va de travers. Le summum du ridicule est généralement atteint quand le héros ou l’héroïne tente d’impressionner l’être aimé et se rate totalement. C’est vache à dire mais ça fait toujours rire. Le principe est simple : si c’est drôle, j’aime bien, si c’est pas drôle, ça le devient et donc j’aime bien.
Le dernier point sur lequel je suis tolérant, ce sont les mystères longuement entretenus. Attention, je ne parle pas de choses qui sont cachées au lecteur mais pas aux personnages, mais bien d’un vrai mystère où tout le monde cherche la clef de l’énigme. Si l’affaire est bien conçue, on peut me mener par le bout du nez sur trois tomes avant de m’apporter LA révélation qui va tout changer à ma perspective.
Je plaide coupable, je suis resté un gosse qui aime bien les surprises. Et capricieux comme un gosse, je pique ma crise devant des détails qui me ruinent totalement un bon bouquin. Et vous, quelles sont les choses qui vous insupportent réellement quand vous lisez ? Mais aussi, quels défauts ou exagérations êtes-vous prêts à ignorer sans vergogne pour aimer malgré tout ces quelques pages que vous tenez entre vos doigts ?
Un article de Cluric