Critique : « Conan le Cimmérien » (Conan, l’Intégrale – Premier volume – 1932-1933), de Robert E. Howard

Quatrième de couverture : « Sache, ô Prince, qu’entre l’époque qui vit l’engloutissement de l’Atlantide et des villes étincelantes et celle de l’avènement des Fils d’Aryas, il y eut un Âge insoupçonné, au cours duquel des royaumes resplendissants s’étalaient à la surface du globe […]. Le plus illustre […] était l’Aquilonie, dont la suprématie était incontestée dans l’Occident rêveur. C’est en cette contrée que vint Conan, le Cimmérien – cheveux noirs, regard sombre, épée au poing, un voleur, un pillard, un tueur, aux accès de mélancolie tout aussi démesurés que ses joies – pour fouler de ses sandales les trônes constellés de joyaux de la Terre. »

Créé par le fondateur de l’heroic fantasy, Robert E. Howard, Conan est l’un des personnages de fiction les plus connus au monde. Cet ouvrage, illustré par Mark Schultz, est le premier de trois volumes qui rassemblent l’intégralité de ses aventures.

Robert Ervin Howard (1906-1936), est né et a vécu au Texas.

Il a publié sa première histoire à 19 ans dans la revue Weird Tales (qui publia les auteurs mythiques de l’âge d’or, dont Lovecraft). Après quelques années difficiles, sa carrière démarra en 1928 avec la parution des récits de Solomon Kane, suivis par de nombreuses nouvelles dans des genres aussi divers que la Fantasy, l’horreur, l’histoire, le western ou la boxe.

Mais c’est Conan, créé en 1932, qui lui vaudra la postérité littéraire. Ce héros, ainsi que la puissance évocatrice de l’écriture de son auteur, a eu et a toujours une influence majeure, au moins égale à celle de Tolkien, sur la Fantasy et partant sur tout l’imaginaire occidental.

Détails techniques :

Fantasy – Intégrale – T1 sur 3

Editeur : Wandering Star (anglais, 2002) / Bragelonne (2007) / Livre de Poche (2019)

544 pages (broché) / 864 pages (poche)
Broché : 16,90 € / Poche : 10,20 € / Numérique : 5,99 €

L’Intégrale Conan :
1. Conan le Cimmérien (1932-1933)
2. L’Heure du Dragon (1934)
3. Les Clous Rouges (1934-1935)

Au sommaire :

  • Introduction (Patrice Louinet)
  • Cimmérie (Cimmeria) (1932) (poème)
  • Le Phénix sur l’épée (The Phoenix on the Sword) (1932)
  • La Fille du Géant du gel (The Frost-Giant’s Daughter) (1932)
  • Le Dieu dans le sarcophage (The God in the Bowl) (1932)
  • La Tour de l’Éléphant (The Tower of the Elephant) (1933)
  • La Citadelle écarlate (The Scarlet Citadel) (1933)
  • La Reine de la Côte noire (Queen of the Black Coast) (1933)
  • Le Colosse noir (Black Colossus) (1933)
  • Chimères de Fer dans la clarté lunaire (Iron Shadows in the Moon) (1933)
  • Xuthal la crépusculaire (Xuthal of the Dusk) (1933)
  • Le Bassin de l’homme noir (The Pool of the Black One) (1933)
  • La Maison aux trois bandits (Rogues in the House) (1933)
  • La Vallée des femmes perdues (The Vale of Lost Women) (1933)
  • Le Diable d’airain (The Devil in Iron) (1933)
  • Appendices :
    • Le Phénix sur l’épée (version rejetée par Weird Tales)
    • Glossaire des personnages et des pays
    • Notes sur divers peuples de l’Âge Hyborien
    • L’Âge Hyborien
    • Synopsis sans titre
    • La Citadelle écarlate (synopsis)
    • Le Colosse noir (synopsis)
    • Histoire inachevée, sans titre
    • Synopsis sans titre
    • Histoire inachevée, sans titre
    • Cartes du Monde Hyborien
    • Une Genèse Hyborienne, première partie (essai sur la création du personnage et les nouvelles, par Patrice Louinet)

Lire Conan, pour un amoureux de la fantasy, c’est un passage obligé et j’ai donc profité de ce bel ouvrage des éditions Bragelonne pour me plonger dans l’univers du Cimmérien.
J’aime la couverture du livre et son toucher très granuleux, la prise en main est agréable. Pour cette édition, la traduction a été entièrement retravaillée par Patrice Louinet et François Truchaud, avec pour but de coller au maximum aux manuscrits originaux. Suivant l’authenticité de cette démarche, les textes sont présentés dans l’ordre de leur rédaction par Robert E. Howard.

Conan apparaît donc dans divers rôles au cours des treize nouvelles de ce recueil, qui compte également un poème, la première version rejetée du texte Le Phénix sur l’Épée, des synopsis, des histoires inachevées et l’essai L’Âge Hyborien, servant de base historique pour contextualiser le monde de Conan.

Le charme opère dès la première nouvelle. Howard nous emporte dans son univers où son fier Conan devra se battre autant contre la fourberie de personnages issus du « monde civilisé » que contre des forces magiques obscures.
La confrontation entre monde soi-disant civilisé et éléments barbares est au cœur de l’œuvre d’Howard, nous apprend l’introduction de Patrice Louinet. Et, en effet, avec un Conan symbolisant l’instinct guerrier, tout aussi naïf que franc, les récits dépeignent plus ou moins finement les dérives de populations ayant recherché à tout prix le progrès, le confort et la richesse.
Il faut aussi noter une certaine mélancolie chez Conan, mise en avant par l’analyse de Patrice Louinet mais tout de même palpable dans certains passages, et de belle manière. Le personnage y gagne en profondeur et en fascination. J’aurais aimé que ce trait de caractère soit plus présent.

J’ai globalement aimé l’ensemble des nouvelles, malgré une redondance due à cette compilation en recueil, Conan nous étant introduit physiquement à tous les coups. Mais chaque histoire tire son épée du jeu en nous faisant voyager et en variant les rencontres. Le style d’Howard est vraiment fluide, ses descriptions arrivent à fasciner et son imagination réserve de belles surprises !
Est-ce que je parle de la place des femmes ici ? Elle n’en ont pas vraiment, ce n’est pas un secret. Elles font même pitié la plupart du temps… Dommage qu’Howard n’en ait pas utilisées d’aussi charismatiques que la pirate Bêlit (qui reste malgré tout accrochée à la musculeuse cheville de son beau guerrier).
Cependant, ceci fait partie du charme de l’œuvre, et Conan ne serait plus Conan si son machisme se voyait rembarrer par la belle en détresse !

Malgré certaines inégalités dans la qualité des nouvelles et des aspects plutôt ridicules de nos jours, le plaisir était là pendant la lecture de ce monument que sont les nouvelles de Conan le Cimmérien. Ce sont de sacrées aventures que nous a offertes Robert E. Howard et je prendrai sûrement plaisir à découvrir la suite dans les prochains volumes. Tout cela donne aussi envie de lire les aventures de ses nombreux autres héros !

Ma note :

Note : 7 sur 10.

Une critique de Benjamin Meduris publiée le 11 juillet 2022 sur Babelio à cette adresse.

QUELQUES COUVERTURES & ILLUSTRATIONS…