Critique : « Damné » (T1 à 4), d’Hervé Gagnon

Quatrième de couverture (T1) : Damné, c’est Gondemar de Rossal, né en 1185, fils d’un petit seigneur. Damné car il naît le visage voilé et, superstition oblige, ce voile le condamne à la damnation. Maudit, il apportera le malheur à sa famille et à tout le village. Il mène ainsi une enfance triste et solitaire, mais trouvera refuge auprès du père Prelou, prêtre du village et Pernelle, sa seule amie.
L’année de ses 14 ans, Gondemar fait la connaissance de Bertrand de Montbard, templier défroqué, engagé par son père comme maître d’armes afin de protéger le village de Rossal des bandits. Au fil des années, après un entraînement qui frise la cruauté, le jeune homme, d’une violence extrême, devient un guerrier redoutable. Jusqu’au jour où il est assassiné.
Ironiquement, c’est à cet instant que s’amorce sa vraie destinée, pour prendre une tournure historique et spirituelle : après un séjour en enfer, il est ramené d’entre les morts par l’archange Métatron avec pour mission de protéger la Vérité dont il ne connaît ni la nature ni l’emplacement. Seul indice : il doit prendre la route du Sud. Le prix de cette quête : le salut de son âme !
Commence alors pour notre héros une quête où Cathares, Templiers, Croisés, Parfaits se succèderont et cette Vérité qu’il doit sauvegarder lui dévoilera une toute nouvelle facette de notre histoire.

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Né à La Baie au Québec, Hervé Gagnon détient une maîtrise et un doctorat en Histoire ainsi qu’une maîtrise en muséologie. Après avoir enseigné ces deux matières dans diverses universités québécoises et travaillé comme muséologue pendant vingt-cinq ans, il se consacre désormais exclusivement à l’écriture. Hormis le fait d’inventer des thrillers et des polars compliqués, il aime le whisky, le blues et la guitare. Si vous le cherchez, vous le trouverez dans un petit recoin sombre de l’Histoire, en train de débroussailler un petit détail que tout le monde ignore. Sa série Damné s’est vendue en francophonie à plus de 175,000 exemplaires.

Damné :
1. L’Héritage des Cathares, 2010
2. Le Fardeau de Lucifer, 2010
3. L’Étoffe du Juste, 2011
4. Le Baptême de Judas, 2011

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Magnifique ! Superbe, grandiose, j’en passe et des meilleurs (adjectifs)…
Je comprends pourquoi mon homme a lu les quatre tomes sans coup férir.
Nous sommes, lui et moi, accros aux romans d’action historiques, et nous ne crachons pas sur un brin de fantastique au passage, autant dire qu’ici, on ne peut qu’être comblés.

Ces temps-là étaient durs.
Dans un style impeccable, vivant (ou mort, c’est au choix…), H. Gagnon, auteur canadien de son état, nous livre là une guerre de religion (Cathos contre Cathares) bien troussée, assez gore, qui ne s’embarrasse ni de fioritures, ni de raccourcis. C’est juste parfait, donc à mon goût.
Les personnages sont forts. Même les faibles et même les secondaires ! Que ce soit Florent de Rossal, le père Prelou, Bertrand de Montbard, Pernelle, Evrart de Nanteroi ou Esclarmonde de Foix, quel panache, quels beaux personnages… Même les affreux sont beaux dans leur démesure fanatique, cupide et/ou calculatrice, comme Onfroi, Simon de Montfort ou Arnaud Amaury, légat du Pape.
Sans parler de notre anti-héros, Gondemar de Rossal, car c’est de son point de vue que nous vivons le récit.

Si le début est un peu long (l’éducation de Gondemar), il consiste en fait à nous narrer comment celui-ci devient un « monstre », et comment il va en arriver à subir ce qu’il subit.
Car le titre du bouquin est exactement son sort. IL est damné. Et son rachat aux yeux de Dieu passe par une « quête » personnelle dont il ne sait rien au départ, et qu’on découvre avec lui. Cette quête va lui faire traverser divers enfers, dont le sien propre, notamment.
Étant donné qu’il y a quatre tomes, je me doute bien que l’histoire ne s’arrête pas là, mais la fin, avec ses révélations, apporte une satisfaction notable au lecteur, et on n’éprouve pas forcément le besoin de sauter sur le tome suivant. Je vais les lire, cela est sûr et certain, mais sans précipitation, ce qui n’est pas plus mal.

De plus, connaissant bien la région et, en tant qu’amoureuse des vieilles pierres, quelques-unes des forteresses cathares dont il est question dans ce roman, notamment Montségur, les voir « revivre » dans ce superbe roman est juste un plaisir incroyable.
Je pense que Gagnon a dû lui-même y passer quelque temps pour les décrire aussi bien.

Bref, j’ai un gros coup de cœur pour ce roman, à la fois pour des raisons « sentimentales » et pour le pur plaisir de lecture que ça a été. Je me dois toutefois de prévenir les âmes sensibles qu’il y a de nombreuses scènes de guerre, de découpage en morceaux, de tortures, de pillages et autres viols. C’est réaliste, en fait. Juste…

Note : 10 sur 10.

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Encore un tome fabulissime pour cette saga de dark fantasy historique, osons les mots !
Où trahisons, traîtrises, grandes lâchetés, complots, doubles jeux et masques sont légion !
Où le destin de Gondemar de Rossal s’accomplit…
Où l’horreur se le dispute à la tendresse, et le devoir aux tentations.
Où l’on perd des personnages qu’on adore et où l’on en rencontre de nouveaux auxquels on s’attache.

On ne le dira jamais assez, ces temps-là étaient durs.
Et que c’est bien écrit ! Que c’est bien mené ! Et en plus ça suit l’Histoire avec un grand H de très très près, comble du luxe… Ça n’arrête pas une seconde et c’est avec passion que j’ai suivi les errements, les doutes, les victoires de Gondemar et ses amis (ou pas)…
Ici, on a l’énorme tempête que j’ai attendue ailleurs (dans L’Épée des ombres de J.V. Jones) en vain. Droit au but, sans répétitions, sans détours, et les rebondissements suivent l’histoire de la croisade des Albigeois au plus près.
C’est juste passionnant. Le grand mossieur Gagnon me devient une « valeur sûre », de celles vers qui je me tournerai après une grosse déception, au même titre que Gemmell, ce qui n’est pas peu dire !
Aux amateurs de Fantasy, aux amateurs d’Histoire, aux amateurs de thrillers, je ne peux que conseiller cette série… Quelle épopée ! Un brin gore, mais comme je l’ai dit, ces temps-là étaient durs…
Certes, je n’en ai pas lu la fin encore, mais je sais que mon homme a adoré d’un bout à l’autre (et l’a lue d’une traite), et ça me suffit.

Note : 10 sur 10.

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Où on poursuit la quête du Graal (ceci est une galéjade ! Ahah !) !
Alors certes, on est dans la quête mythique, mais plutôt loin du mystique…

L’avantage de cette série, c’est que je m’en souviens parfaitement malgré les quelques mois passés entre le tome 2 et celui-là. Aucun souci pour me rappeler qui est qui (bon d’accord, je connais bien les personnages historiques, et Gondemar et ses compagnons sont tellement hauts en couleurs qu’ils sont inoubliables !)… Ce n’est pas si courant que je n’ai pas besoin d’aller feuilleter le tome précédent, surtout dans une série de romans, où par définition il n’y a pas d’images.
(Humeur du jour = folâtre, c’est le soleil qui me fait cet effet… Si vous voulez, je sors dès que j’ai fini cet avis !).

Évidemment, on continue dans le même style que les deux premiers ! À ceci près que j’ai trouvé Gondemar très « confiant » et pas tellement méfiant par rapport à son caractère dans les tomes précédents. Fréquenter Cécile de Foix à la fin du tome 2 lui a ramolli le cerveau, apparemment ! Mdrrrr !

Mais l’action est sans temps mort, trahisons, bastons et dégommages à tous les étages, on continue à ne pas s’ennuyer du tout, voire à dévorer le toutim sans coup férir ! C’est très bien écrit ! En gros, c’est toujours de l’excellent boulot, la preuve, j’ai sauté sur le tome 4 direct…

Note : 10 sur 10.

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Une fois n’est pas coutume, voilà un avis « non à chaud »… Ce qui, pour un « damné », est un comble ! Mouahaha !

Un quatrième tome assez inattendu, somme toute. On se doutait bien qu’il y avait baleine sous gravier, dans le tome 3, mais quoi ? Bah voilà… Non, je ne vous le dirai pas, parce qu’il ne faut strictement rien dévoiler de cette fin, ah mais ! Qui en a déçu certains, j’ai lu dans des avis, et j’avoue ne pas comprendre pourquoi…

Oui, ce n’est pas aussi simple qu’on le croyait au départ, mais ça n’en a que plus de sel, du coup, il me semble !
J’avoue m’être demandé pendant quasiment tout ce tome comment l’auteur allait retomber en accord avec l’Histoire, et si vraiment il l’avait fait… Ben je ne vous le dirai pas non plus ! Ahah ! Si vous voulez le savoir, il vous faudra lire cette excellentissime saga de fantasy historique, ou thriller historique, comme vous voulez, qui reste d’un niveau excellent tout au long des tomes, même si certains rebondissements font un brin « artificiels » !

En fait, c’est tellement bien écrit, et j’apprécie si fort les personnages que je n’en ai pas voulu à monsieur Gagnon de tirer un peu l’affaire en longueur, pour moi, c’était que du bonheur en barre, cette quadrilogie ! Peut-être lié au fait qu’ayant passé mon enfance à visiter tous ces châteaux cathares, non seulement mon imagination était à l’œuvre, mais mes souvenirs également. Quand on connait, on se rend compte que l’auteur n’a pu que se rendre sur place, impossible qu’il soit arrivé à décrire aussi bien les lieux divers sans les avoir vus de ses yeux !

J’ai un gros beau coup de cœur pour l’ensemble, à cheval sur 2015 et 2016 !

Note : 10 sur 10.

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