Critique : « L’Œil du Golem » (La Trilogie de Bartiméus – T2), de Jonathan Stroud

Quatrième de couverture : Londres, ville des magiciens et des sorciers, au XXIe siècle. Le jeune Nathaniel connaît une ascension fulgurante au sein du gouvernement des magiciens. Sa mission la plus urgente consiste à mettre un terme aux activités de la mystérieuse Résistance, menée par Kitty et ses amis qui ne cessent de lui échapper. Alors que la pression monte, Londres se voit soudain menacée par une série d’attentats terrifiants. Est-ce la Résistance ou un danger encore plus grand ? Chargé de cette enquête périlleuse, Nathaniel est contraint de s’envoler pour Prague et d’invoquer une nouvelle fois l’énigmatique et malicieux djinn Bartiméus…

Jonathan Stroud est né en Angleterre en 1970. Après des études de littérature, il travaille dans l’édition jeunesse et publie son premier roman en 1999. Il a depuis connu un succès international avec La trilogie de Bartiméus.

Détails techniques :

Fantasy / Humour / Jeunesse – T2 de la Trilogie de Bartiméus

Editeur : Doubleday (anglais, 2004) / Albin Michel Jeunesse, coll. Wiz (2004) / Livre de Poche (2008)

672 pages (broché) / 736 pages (poche)
Broché : 17,25 € / Poche : 9,20 € / Numérique : 11,99 €

Trilogie de Bartiméus :
1. L’Amulette de Samarcande, 2003
2. L’Œil du Golem, 2004
3. La Porte de Ptolémée, 2005
4. L’Anneau de Salomon, 2010 (se situe 3000 ans avant le début de la trilogie)

L’Œil du Golem est le deuxième tome de la trilogie de Bartiméus, un roman de fantasy extravagant écrit par Jonathan Stroud. La critique du premier tome est disponible ici. L’histoire du présent roman se déroulant quelques années après celle du tome 1, les spoilers sont sans trop de conséquences.

En bref : Nathaniel est un jeune et brillant magicien anglais qui grimpe rapidement les échelons de la hiérarchie au gouvernement. Récemment, la Résistance anti-magiciens est devenue préoccupante et de plus en plus d’individus semblent devenir insensibles à la toute-puissance de leurs maîtres. Nathaniel est chargé de neutraliser la menace au plus vite, notamment sa meneuse qui n’est autre que Kitty qu’il avait croisée (de façon humiliante) dans ses jeunes années. Avec l’arrivée d’un Golem qui massacre à tour de bras et les plans ambitieux de la Résistance pour frapper les symboles magiciens, l’ego de Nathaniel est malmené. Il va lui falloir recourir à l’intenable mais très rusé Bartiméus. Mais le démon est toujours aussi déterminé à ne pas lui obéir et il dispose de toute une gamme de moyens pour lui pourrir l’existence – tout en obéissant scrupuleusement aux ordres, bien sûr !

Quelques années ont passé depuis le précédent tome. Grâce à son spectaculaire succès, Nathaniel s’est imposé très jeune comme quelqu’un de très efficace et de puissant au sein du club très strict que forme l’aristocratie des magiciens. Fini le gosse pleurnichard, place à l’arrogante étoile montante et chouchou du Premier Ministre.

Bien évidemment, les progrès sociaux de notre jeune ami on fait quelque peu enfler sa tête. Heureusement pour nous, les démons de Jonathan Stroud sont irrévérencieux au possible. Ne comprenant pas bien la logique humaine ou ses règles de politesse élémentaire, ils accomplissent à la lettre leurs instructions. Seulement, s’il est possible de ridiculiser leurs invocateurs au passage, de faire échouer la mission qu’on leur a confiée ou même de dévorer quelques humains au passage… ils ne vont pas en rater la moindre occasion. 

Du coup, ce tome conserve l’humour commun à toute la trilogie malgré les thèmes pourtant sérieux qui sont abordés. Outre une bonne dose de complots entre collègues et de conflits avec des révolutionnaire terroristes, on a droit à la menace du vieil empire magique tchèque déchu, un monstre terrifiant, un squelette cinglé et Kitty. Oui, j’ai bel et bien inclus Kitty dans cette liste. La jeune rebelle oscille constamment entre l’effacement nécessaire dans une société dominée par des magiciens capricieux et un tempérament explosif allié à une bravoure suicidaire !

« La parenté avec Harry Potter s’éloigne à grands pas, alors qu’apparaissent des thèmes beaucoup plus adultes comme les magouilles politiciennes ou le terrorisme. Jonathan Stroud a ainsi réussi à donner une nouvelle dimension à sa trilogie, lui conférant un surplus de signification sans pour autant que son principal attrait — le rythme des péripéties — en pâtisse. » Bruno PARA, nooSFere

Le personnage de Nathaniel pourrait être insupportable s’il n’y avait pas ses interactions avec Bartiméus et Kitty. À ces moments-là, il perd totalement le contrôle de la situation pour notre plus grand plaisir. Idem quand Bartiméus tente de faire le malin avec ses « collègues » démons et que ses tentatives de manipulations se retournent une fois sur deux contre lui.

Ce tome comporte sensiblement plus d’action que le précédent. De plus, de très, très, très nombreuses notes en bas de page viennent régulièrement nous divertir. Il faut dire qu’elles sont écrites par notre démon préféré qui a toujours une vision des choses pour le moins… étrange. C’est très rafraîchissant à lire, et pourtant les enjeux sont sensiblement plus élevés que la dernière fois. On frôle la catastrophe à plusieurs reprises.

J’ai beaucoup aimé en apprendre davantage sur le passé pittoresque de Bartiméus. Ses récits se voulant héroïques confinent souvent au ridicule mais dévoilent malgré tout une facette très intéressante de l’Histoire remaniée par Stroud.

J’ai eu un coup de cœur pour une scène anthologique de pillage de tombe qui tourne mal. Il faut dire que la tombe en question est celle d’un des plus puissants magiciens ayant jamais existé et que son gardien, devenu cinglé après cinquante ans d’isolement dans un mausolée, représente un adversaire aussi formidable qu’étrange.

L’Œil du Golem est un livre appartenant à la catégorie des romans au ton léger capable d’amuser aussi bien les jeunes lecteurs par ses situations cocasses que les plus vieux avec son humour plus subtil. Le décalage total de la narration souvent faite par le démon est juste génial et donne à ce livre son côté mémorable !

Une critique de Cluric

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