Critique hors SFFF : « La Religion » (Trilogie Mattias Tannhauser – T1), de Tim Willocks

Quatrième de couverture : Mai 1565. Malte. Le conflit entre Islam et Chrétienté bat son plein. Soliman le Magnifique, sultan des Ottomans, a déclaré la guerre sainte à ses ennemis jurés, les chevaliers de l’ordre de Malte. Militaires aguerris, proches des templiers, ceux-ci désignent leur communauté sous le vocable de « la Religion ». Alors qu’un inquisiteur arrive à Malte afin de restaurer le contrôle papal sur l’ordre, l’armada ottomane s’approche de l’archipel. C’est le début d’un des sièges les plus spectaculaires et les plus durs de toute l’histoire militaire. Dans ce contexte mouvementé, Mattias Tannhauser, mercenaire et marchand d’armes, d’épices et d’opium, accepte d’aider une comtesse française, Carla La Penautier, dans une quête périlleuse. Pour la mener à bien, ils devront affronter les intégrismes de tous bords, dénouer des intrigues politiques et religieuses, et percer des secrets bien gardés.

Tim Willocks est né en 1957. Grand maître d’arts martiaux, il est aussi chirurgien, psychiatre, producteur et écrivain. Scénariste, il a travaillé avec Steven Spielberg et Michael Mann. Souvent comparé à James Ellroy ou Norman Mailer, il est l’auteur de six romans, parmi lesquels Bad City Blues (Éditions de L’Olivier, 1999). Il vit en Irlande.

Détails techniques :

Aventure / Historique – T1 de la trilogie intitulée Mattias Tannhauser

Editeur : Random House (2006) / Sonatine (2009) / Pocket (2011)

864 pages (broché) : 25 € / 960 pages (poche) : 10,80 € / Numérique : 17,99 €

Le tome 2 de la trilogie, Les Douze Enfants de Paris, est paru en 2013.

Messine, 1565.

Mattias Tannhauser s’apprête à réaliser un grand coup commercial avec l’aide de ses deux associés, le géant anglais Bors, et le juif  Sabato Svi. C’est alors qu’une comtesse française d’origine maltaise le fait mander chez elle pour lui demander quelque chose d’étrange. En effet, elle veut gagner l’île de son enfance afin d’y retrouver son fils qu’elle a été forcée d’abandonner à la naissance, douze ans plus tôt. Seulement voilà, l’île de Malte, défendue par l’ordre des Hospitaliers, s’apprête à subir le plus important siège de son histoire. Les troupes de Soliman le Magnifique sont attendues dans les jours qui viennent…

Une fois n’est pas coutume, mon envie de lecture ne s’est pas tournée ici vers ce que l’on désigne sous le terme générique de « littérature de l’imaginaire ». En effet, avec La Religion, il n’est pas question de fantastique, ni de Fantasy, et encore moins de S.F. Cependant, j’ai quand même trouvé avec ce long roman les deux éléments que je recherche dans mes lectures : du beau style et du dépaysement. Car Tim Willocks, scénariste à Hollywood (entre autres activités), sait écrire. Il nous sert, tout le long de ce livre, 950 pages d’une écriture ciselée qui ne manque pas de lyrisme. Et il réussit l’exploit de conserver un rythme constant. Bien sûr, les nombreuses scènes de bataille qui nous sont servies de main de maître alternent avec des instants de « romantisme » bienvenus car ils allègent le propos, nous permettant de souffler. Des morceaux d’amour entre deux grosses tranches de guerre. Époustouflant !

Le « héros » que l’on suit quasiment tout le long du roman est pour le moins atypique. En effet, Mattias Tannhauser n’est pas loin de l’athéisme à une époque où les problèmes religieux sont légion : émergence du protestantisme combattu par l’inquisition, guerre contre les musulmans, antisémitisme, etc… Pour tout dire, Tannhauser est loin de tout cela car il a passé son adolescence chez les janissaires, cette secte militariste turque où il a appris à comprendre l’Autre, le musulman honnis voué aux pires tourments de l’Enfer. Dans ce roman, il est bien le seul à ne pas détenir la vérité sur la religion. C’est donc un héros plein d’humanisme que nous dépeint Willocks, même si Tannhauser n’hésite pas à passer de l’infidèle au fil de son épée, si le besoin s’en fait sentir (oui, car il faut bien se défendre).

Ce roman n’est pas toujours exempt d’invraisemblances, comme cette facilité du héros à passer chez l’ennemi, puis à revenir à l’intérieur de la forteresse assiégée. Trois fois rien. Pas de quoi en tout cas passer à côté de cette lecture magnifique qui nous offre un dépaysement total. La Religion est vraiment le genre de lecture qui vous remue les tripes, et dont on ne voudrait jamais sortir.

Note : 10 sur 10.

Salvek est le créateur du blog Fantasy au petit-déjeuner. Il y publiait des critiques vidéo excellentes qui m’ont fait découvrir de véritables perles littéraires. Malheureusement, le blog est à l’arrêt depuis quelques années. Il serait cependant dommage d’oublier les conseils de ce libraire passionné et je vais donc partager avec vous quelques-uns d’entre eux.

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