Critique : « Les Lions d’Al-Rassan », de Guy Gavriel Kay

Quatrième de couverture : L’empire d’Al-Rassan a fait de ses conquérants asharites, venus des sables du désert, un peuple d’artistes et de savants ; l’assassinat du dernier calife a entraîné son éclatement en cités-États rivales. Seul peut-être le roi Almalik de Cartada saura lui rendre sa puissance et son unité, avec le soutien du légendaire Ammar ibn Khairan, poète, diplomate et soldat. Car une autre menace pèse sur l’Al-Rassan, celle des royaumes jaddites du nord de la péninsule, divisés, certes, mais avides de reconquérir le pays dont ils s’estiment dépossédés. Rodrigo Belmonte est le plus prestigieux de leurs chefs de guerre. C’est dans l’exquise cité de Ragosa que se rencontreront Ammar et Rodrigo, pour un temps exilés au service du même monarque. Entre eux, la figure exceptionnelle de Jehane bet Ishake, fille du peuple Kindath et brillant médecin.
Guy Gavriel Kay crée des mondes imaginaires librement inspirés de l’histoire médiévale. Les Lions d’Al-Rassan trouve son origine dans l’Espagne du Cid et de la Reconquista, après la chute du califat de Cordoue au XIe siècle. Fantasy épique, roman d’aventures humaines et politiques à l’échelle d’un monde, ce livre porte l’œuvre romanesque de l’auteur au plus haut de sa quête ambitieuse.

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Guy Gavriel Kay est né en Saskatchewan, au Canada, en 1954. Après des études de philosophie, il séjourne en Angleterre et travaille avec Christopher Tolkien sur l’édition posthume du Silmarillion de J. R. R. Tolkien. De retour au Canada, il poursuit des études de droit à l’université de Toronto et devient avocat au barreau d’Ontario en 1981.  Scénariste de The Scales of Justice, une série produite par le réseau anglais de Radio Canada, G. G. Kay publie en 1984 La Tapisserie de Fionavar, trilogie de fantasy écrite en réaction à la dégradation du genre, qui rencontre un succès immédiat. Ont suivi TiganeLa Chanson d’Arbonne et Les Lions d’Al-Rassan, trois romans de fantasy historique, inspirés respectivement de l’Italie, de la France et de l’Espagne de l’époque médiévale. G. G. Kay est aujourd’hui considéré comme l’un des écrivains majeurs de fantasy. Il vit actuellement à Toronto.

Olala, cette claque !

Je le voulais, ce livre, hein. Je ne sais même plus trop pourquoi, parce que c’est l’an dernier que j’ai « mascagné » pour l’avoir. Un bouquin qu’on ne trouve plus que d’occasion, en poche, en tous les cas (NdlR : réédité en 2017 chez L’Atalante). Ma première commande n’est jamais arrivée. Dans ma seconde, il a été « remplacé » par un autre bouquin que j’avais pas demandé… Oo

Mais je suis opiniâtre et j’ai fini par le recevoir !
Et que j’ai bien fait… Je n’ai lu, précédemment, que Tigane, de cet auteur. J’avais bien aimé. Mais le sujet m’avait un peu trop fait penser à un de mes bouquins préférés du genre, Le Château de Lord Valentin de Silverberg, pour que je l’apprécie réellement… Je n’avais d’ailleurs pas vraiment fait gaffe à l’environnement tiré de l’histoire d’Italie, vu que je ne connais pas très bien l’histoire de l’Italie…

Ici par contre, je connais mieux la période de l’histoire de l’Espagne dont s’inspire ce cher Guy, et c’est drôlement bien restitué ! On reconnaît fort bien les diverses religions, les divers peuples, et en notre période troublée, il est bon de nous rappeler que les premiers à avoir massacré des gens au nom d’un dieu quelconque, ben c’est « nous », cathos débiles et sanguinaires, tout l’inverse de ce qu’ils prêchaient, sans que manifestement ça ne les empêche beaucoup de dormir.

Tout cela est servi par une écriture (et une traduction) magnifique, des personnages forts et hauts en couleur, très très attachants, qui vous prennent aux tripes par leur sensibilité (oui, oui, on est dans un monde en guerre, et alors ?). Les descriptions évocatrices mais pas longues succèdent aux scènes d’action haletantes, aux relations entre les personnages, si finement décrites, si psychologiquement justes, dont Ammar Ibn Khairan, mon préféré, si trop « tout », trop humain (mais ils le sont tous), qu’il en devient « divin ». À partir de la page 500, on ne peut plus le lâcher, vous voilà prévenus.

J’ai bien pleuré hier soir, une vraie midinette. J’ai un très gros coup de cœur pour ce livre magnifique et grandiose, une fresque haute en couleurs mais très réaliste de la reconquête de l’Espagne musulmane, vue par un auteur qui a un réel talent pour créer de superbes personnages.

Note : 10 sur 10.

Waouh ! Difficile de sortir indifférente d’une telle lecture ! Et quelle lecture ! Il faut reconnaitre que cela fait du bien quand de temps en temps on tombe sur un livre de ce niveau. Oui, Les Lions d’Al-Rassan ne sont rien moins qu’un petit bijou littéraire.
J’avais repéré depuis un bon moment ce livre sur Babelio. Et, coïncidence fort heureuse, les Editions L’Atalante ont choisi de le rééditer, ce qui tombait fort bien au vu des tarifs indécents trouvés sur le net pour le livre en occasion.
Mon libraire, qui aime beaucoup les littératures de l’imaginaire, m’a carrément félicité de mon choix, ce qui n’a fait que me conforter dans ma démarche.
Le plus dur dans cette lecture a été de devoir m’interrompre pour gérer le quotidien, surtout en cette période chargée de fêtes. Je l’ai terminé hier, et je reste encore sous le charme de cette lecture.
Ce livre, que certains classent dans le genre « fantasy historique », nous plonge dans un monde qui ressemble singulièrement à l’Espagne médiévale du temps du Califat de Cordoue.
Une partie du territoire de l’Espéragne est occupée par les Asharites, des conquérants qui appellent leur empire l’Al-Rassan. Ces derniers, amateurs d’arts, sont cependant en train de perdre du terrain à cause de leurs querelles intestines.
C’est à Fezana, une petite ville appartenant à l’Al- Rassan, que débute cette très belle histoire. On va y croiser les trois personnages qui vont être la clef de cette histoire. Honneur aux dames pour commencer avec Jehane, une jeune femme médecin de confession kindathe. Les kindaths sont bien intégrés dans la ville et Jehane a sa place dans la communauté. Elle va rencontrer Ammar ibn Khairan, poète, assassin et conseiller du roi Almalik. Le troisième personnage est un soldat de très grand renom, Rodrigo Belmonte. Ce personnage, clairement inspiré du Cid (pas celui de Corneille, le vrai) est quant à lui de confession jaddite.
Je ne raconterai pas l’histoire car il faut la lire pour l’apprécier. Pour ma part, j’ai fait plus que l’apprécier, je l’ai savourée. Le style de l’auteur est vraiment de qualité, son écriture est très fine et on ne peut qu’adorer cette lecture.
J’ai aimé, enfin adoré, les trois personnages principaux. Jehane, jeune femme courageuse, indépendante et terriblement attachante. Ammar, intelligent, plein de subtilité et d’humour. Et Rodrigo, soldat flamboyant, courageux, qui a trouvé en Ammar un alter ego. Les personnages secondaires sont tout aussi travaillés.
Les liens avec l’Histoire sont réels. Je n’ai eu de cesse de faire des recherches au fur et à mesure de ma lecture. On assiste à la fin d’une civilisation, comme le pressentent dès le début de l’histoire les différents protagonistes. Je ne m’étalerai pas plus sur les ressemblances avec l’Histoire avec un grand H, certains babéliotes l’ont déjà fait avec beaucoup de talent comme par exemple BazaR.
Après avoir lu une cinquantaine de pages de ce livre, je me suis précipitée chez mon libraire et j’ai racheté ce livre, histoire de l’offrir à Noël…

Note : 10 sur 10.

Deux royaumes (à peu près), trois religions, deux hommes et une femme exceptionnels : voilà la base sur laquelle Kay construit ce roman de fantasy (l’appellation peut se discuter car, hormis les deux lunes, il y a peu de différence avec notre monde). Le cadre historique est un calque de l’Espagne à la veille de la Reconquista (les religions Jaddite (Chrétiens), Asharite (Musulmans) et Kindath (Juifs)). Les personnages : Ammar, l’Asharite poète, guerrier et régicide (calificide ?), Rodrigo Belmonte, le capitaine Jaddite dont la valeur n’attend point le nombre des années et la belle et savante Jehane, médecin Kindath. Ils seront emportés dans le tourbillon de l’histoire et de leurs passions personnelles. C’est palpitant, splendidement écrit et construit. Un message de tolérance aussi qui est le bienvenu en nos temps fanatiques.

Note : 10 sur 10.

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