Critique : « Un éclat de givre », d’Estelle Faye

Quatrième de couverture : Un siècle après la Fin du Monde. Paris est devenue une ville-monstre, surpeuplée, foisonnante, étouffante, étrange et fantasmagorique. Une ville-labyrinthe où de nouvelles Cours des Miracles côtoient les immeubles de l’Ancien Monde. Une ville-sortilège où des sirènes nagent dans la piscine Molitor et où les jardins dénaturés dévorent parfois le promeneur imprudent. Là vit Chet, vingt-trois ans. Chet chante du jazz dans les caves, enquille les histoires d’amour foireuses, et les jobs plus ou moins légaux, pour boucler des fins de mois difficiles.
Aussi, quand un beau gosse aux yeux fauves lui propose une mission bien payée, il accepte sans trop de difficultés. Sans se douter que cette quête va l’entraîner plus loin qu’il n’est jamais allé et lier son sort à celui de la ville, bien plus qu’il ne l’aurait cru.

Un éclat de givre est un roman à la fois tendre et âpre, lumineux et enlevé, drôle et sensuel. Il mêle avec brio la science-fiction post-apocalyptique, le jazz et le roman noir.

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Estelle Faye boit trop de café, travaille tard dans la nuit et fréquente des gens étranges. De temps en temps, aussi, elle écrit des histoires : Porcelaine (Prix Elbakin), Un Éclat de Givre ou la trilogie La Voie des oracles.
Avec Les Seigneurs de Bohen, elle nous offre un roman de dark fantasy spectaculaire et épique, dans la lignée des œuvres de Joe Abercrombie (Les HérosServir Froid) ou de Glen Cook (La Compagnie noire).

Ce n’est pas souvent, PAL monstrueuse oblige, que je me dis qu’un jour, je relirai ce livre que je viens à peine de refermer… Estelle « Fée » et la magie de ses mots y sont arrivés !
Car ce livre est un livre « d’ambiance ». Ambiance jazzy mélancolique formidable avec une B.O. à tomber. Pas un page-turner, pas un bouquin qu’on reprend quand on a 5 minutes. Par contre, une fois plongée dedans, je n’y étais pour personne.
Entre Mélanie Fazi et Estelle Faye, mon bouquiniste pourra se vanter de m’avoir fait découvrir quelques jolis fleurons de l’écriture « à la française » !

Le style est impeccable. Hyper visuel (suis-je la seule à me dire que ça pourrait faire un jeu d’exploration fabuleux ?), on s’immerge avec Chet avec un mélange de fascination et de répulsion dans ce Paris totalement ravagé. Ayant visité un peu Paris récemment, cela m’a peut-être aidée à visualiser davantage, c’est vrai. Il n’empêche que même sa description des égouts (non, je les ai pas visités, eux !) est « visualisable », c’est juste un bonheur.

Un petit bémol : si le style est ciselé, le fond est classique. Il manque parfois quelques précisions scénaristiques, les actions se passent très, trop vite, et la fin est bien trop rapide. Je ne sais pas s’il était prévu qu’il y ait une suite, mais pour moi, une fois le livre refermé, il me reste comme un goût d’inachevé trop prononcé. « coitus interruptus », si j’ose dire, parce qu’il est vrai que j’aurais bien pris une cinquantaine de pages de plus en rab.

Ce sont quelques défauts « de jeunesse », peut-être, à travailler pour cette auteure fort prometteuse !

Je ne vais cependant pas bouder sur la note, parce que le plaisir de lecture que j’en ai tiré est tel que les défauts passent à l’as…

Note : 10 sur 10.

Je referme le livre et je reste sur ma faim, avec une impression d’avoir à moitié compris le récit. Malgré la présence de l’épilogue, les questions se bousculent dans ma tête. Qu’est devenu Galaad ? Qu’en est-il du duo Tess/Chet ?
Finalement, ce que je retiens de cette visite dans ce monde post-apocalyptique, ce sont les états d’âme de Chet. En mal d’amour, il multiplie les conquêtes, ses sentiments sont confus et il vit avec des regrets. Puis, quand le moment est enfin venu de se livrer, il ne le fait pas.
C’est une lecture assez âpre, à l’image de ce monde forgé par l’esprit de l’autrice. J’ai plus d’une fois pensé au film Equilibrium durant ma lecture. Notamment à cause de cet  Enfer. Ce lieu morbide s’oppose au monde normal qui n’a pourtant rien d’un paradis. En enfer sévissent les âmes en perdition, des êtres physiquement modifiés et rendus hideux par d’obscènes manipulations chirurgicales. Ça donne clairement envie d’y aller ! Mais Chet, en proie à une sorte de langueur, se laisse embarquer dans deux péripéties à l’impact très différent.

Une lecture sans saveur pour moi et qui sera bien vite oubliée. Bien heureusement, j’ai adoré Les Seigneurs de Bohen et La Voie des Oracles et il me reste encore à découvrir La dernière lame.

Note : 4 sur 10.

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