Critique éclair : « Les Danseurs de la fin des temps », de Michael Moorcock

Des millions d’années ont passé et l’humanité a enfin cessé de se prendre au sérieux. Ses rares survivants, immortels ou peu s’en faut, vivent dans le luxe, l’hédonisme et la décadence. Grâce au savoir scientifique et technologique accumulé sur des millénaires, débarrassés de toute notion de morale, ils habitent le carnaval permanent de leurs désirs et de leurs habitudes extravagantes, incendient des continents, collectionnent les êtres du passé… Un beau jour, l’amoral Jherek ramène de l’ère victorienne la belle Amelia, dont la morale bourgeoise est si délicieusement exotique. Et voilà un nouveau jeu qui commence, à travers différents paysages délirants et différentes époques, de l’ère des dinosaures aux futurs oubliés.

Michael Moorcock est né à Londres en 1939, à temps pour voir les bombes allemandes rythmer son enfance : de là sa vison du monde sombre et apocalyptique. Son père, ingénieur, le pousse à vain à poursuivre des études. Michael Moorcock sera guitariste et chanteur de rock dans plusieurs groupes. Il aime aussi écrire et publie à 12 ans son premier texte dans un fanzine. À 18 ans il devient le rédacteur en chef de Tarzan Adventures, un magazine pour la jeunesse. En 1961 paraissent les premières aventures d’Elric suivies par celles de CorumHawkmoonErekosë, Jerry Cornelius qui vont faire de Moorcock le pape de l’heroic fantasy. Tous ses personnages sont les incarnations d’un seul et même antihéros archétypal : le Champion éternel, déstabilisé par la guerre sans merci de l’Ordre et du Chaos. Michael Moorcock fut également à la tête de la revue New Worlds et des auteurs modernes (1964-1969). Musicien, il fut plusieurs fois tenté d’y faire carrière, du blues au hard rock, mais son réel talent de conteur et des impératifs pécuniaires le ramenèrent chaque fois à son œuvre de fantasy.

Détails techniques :

Science-fiction – Cycle en 4 tomes (trois romans et un recueil de nouvelles)

Cette critique porte sur la trilogie de base et non sur le tome 4 (recueil de nouvelles) qui s’articule autour de celle-ci sans vraiment en faire partie.

Un moment absolument magnifique de lecture. C’est grandiose, déjanté, magique. On se croirait dans un film des Monthy Python, l’absurde s’y dispute avec l’humour et la tendresse, l’ironie y est chaleureuse, les références (tordues au possible, pas toujours facile de retrouver à quoi il fait réellement allusion, c’est très amusant !) et les jeux de mots sont nombreux, la traduction est excellente, c’est un vrai bonheur. Et à côté de cela, il ne manque pas de profondeur ni de justesse sur les comportements de l’être humain « du passé » que nous sommes…
Par contre, pour paraphraser Dante, « vous qui entrez ici, abandonnez tous vos critères moraux ».
C’est un livre à déguster sans porter aucun jugement sur ces êtres du futur, très spéciaux il est vrai…

Je ne mets aucun spoiler car je ne veux pas déflorer quoi que ce soit, il faut le découvrir par soi-même du début à la fin…

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Un deuxième tome en droite lignée du premier, tout aussi génialement déjanté. Formidable lecture au parfum légèrement steampunk !!! Là, je suis fan absolue ! C’est mon second coup de cœur cette année (le premier étant « Les Lames du Cardinal » de Pierre Pevel) !

Ce tome a obtenu le British Fantasy, August Derleth Award, 1976.

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La fin de cette trilogie « d’anthologie » !
Ce troisième tome est d’un ton légèrement plus « sérieux », vu qu’on arrive pour de bon à la fin des temps, tout en se moquant justement des gens trop sérieux. On rit aussi, il y a toujours la folie ambiante (le truc étant qu’au 3e tome, on s’est habitué ! Arf !).
Les explications y sont un peu plus nombreuses, sans être lourdes ou paumer le lecteur.
On finit par comprendre comment et pourquoi toutes ces aventures pour Jherek et Amélia, même s’il était fort agréable de les suivre sans les comprendre !

Une trilogie de science-fiction « steampunk » à avoir absolument dans sa bibliothèque, selon moi !

Note : 10 sur 10.

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