Critique : « Orchéron » (cycle d’Abzalon – T2), de Pierre Bordage

Quatrième de couverture : Des siècles se sont écoulés depuis que les cinq cents survivants de l’Estérion se sont posés sur le nouveau monde.
Un ensemble de communautés sont nées sur le continent du Triangle, autour des grands domaines agricoles matriarcaux gérés par les mathelles : les chasseurs lakchas qui traquent des troupeaux de yonks ; les djemales, disciples de Qval Djema, à la recherche de « l’éternel présent » ; les ventresecs, nomades des plaines jaunes. Fragile équilibre que celui de cette colonie entre tradition de ignorance.
Les umbres, mystérieux et terribles prédateurs volants, font peser une menace permanente sur sa survie. Des hommes masqués, les protecteurs des sentiers, ont entrepris d’instaurer la terreur au nom d’un dieu oublié de l’arche des origines ; ils ont juré d’éteindre les « lignées maudites ».
Orchéron, fils adoptif d’une mathelle, devenu leur proie désignée, se lance dans une fuite éperdue au bout de laquelle le rejoindront Alma, la jeune djemale boiteuse, et Ankrel l’apprenti chasseur.

Pierre Bordage est né en janvier 1955 à la Réorthe, en Vendée. Après une scolarité sans histoire, neuf ans de karaté et quelques cours de banjo, il s’inscrit en lettres modernes à la faculté de Nantes et découvre l’écriture lors d’un atelier en 1975. Il n’a encore jamais lu de SF, lorsqu’il est amené à lire pour une dissertation Les chroniques martiennes de Ray Bradbury, qui est une véritable révélation. Découvrant à Paris un ouvrage d’Orson Scott Card édité par l’Atalante, il propose Les Guerriers du Silence à l’éditeur qui l’accepte. Il a publié depuis de nombreux ouvrages (dont Les Derniers HommesLes Fables de l’Humpur, les cycles de WangL’Enjomineur ou La Fraternité du Panca) qui bénéficient de la reconnaissance des amateurs et des professionnels de la science-fiction à travers notamment le Grand Prix de l’Imaginaire ou le prix Bob Morane.

Détails techniques

Science-fiction – T2 du diptyque intitulé Abzalon

Editeur : L’Atalante (2000) / J’ai Lu (2006)

Broché (472 pages) : 22,50 € / Poche (544 pages) : 8,50 € / Numérique : 9,99 €

Je l’ai fini cette nuit, merci l’insomnie. Sans ça, je crois que je l’aurais abandonné…

J’ai eu un mal fou à m’accrocher à ce livre, de fait. En plus, on ne comprend qu’à la fin que rien de ce qu’on nous dévoile ne se passe en même temps. Volonté de l’auteur, peut-être, mais du coup c’est très obscur. Trop ?

Ajoutons à cela un inceste entre frère et sœur, qui m’a beaucoup dérangée, dont la sœur, Lahiva, est totalement imbuvable de mon point de vue, et j’ai été vraiment à deux doigts de le lâcher. Faire de la spiritualité avec des relations sexuelles incestueuses au milieu, ça me dérange. Ça me rappelle Coelho qui essaie de faire passer son obsession pour les jolies jeunettes pour de la « spiritualité » dans les derniers trucs que j’avais lus de lui (et ramenés direct à la bibliothèque), j’aime pas du tout ça, les gourous qui essaient de faire passer leurs défauts et/ou leurs perversions pour de l’angélisme spirituel. La véritable spiritualité, c’est de se regarder tel qu’on est en vérité, non mais… Après, j’ai pas lu ça ailleurs dans l’oeuvre de Bordage, donc c’est peut-être un dérapage ponctuel, mais perso, tout ce qui touche à l’inceste me dérange, de même que la pédophilie. Point final.

Les personnages dans leur ensemble ne sont pas sympathiques, pas vraiment charismatiques, ils ont retrouvé tous les travers que je déteste là où j’aurais sans doute davantage apprécié une description plus utopique après le nouveau départ dans le nouveau monde d’Ellula et Ab.

Mais bon, la fin m’a plus plu, à partir du moment où Alma et Orchéron commencent leur périple initiatique, chacun de leur côté. Ouf. Ceci dit, ça arrive trop tard dans le livre, j’aurais pas eu cette insomnie cette nuit, je l’aurais loupé.
Ça aurait été dommage car elle est très intéressante, malgré que j’aie pas trop compris ni à quoi servaient les fameux « umbres », ni leur intérêt.

Après, étant donné que j’ai lu certains passages très très vite, certaines choses m’ont peut-être échappé, mea culpa.

Bref, je suis assez déçue, d’autant plus que j’avais adoré Abzalon… Pour une reprise avec Bordage, ce n’est pas une franche réussite… Ce livre, du point de vue de la lectrice que je suis, me laisse une impression de « foutraque ». Cela part dans tous les sens au début, avec un rétablissement intéressant mais hasardeux et casse-gueule à la fin… Mais j’en ai plein d’autres, donc on se rattrapera la prochaine fois, lui et moi.

Note : 4 sur 10.

J’aime beaucoup Pierre Bordage et je ne m’en cache pas.
Cela faisait un petit bout de temps que je n’avais rien lu de lui, c’est dire si j’étais fébrile en commençant ma lecture.
J’avais beaucoup apprécié Abzalon, et il me paraissait évident de m’attaquer à sa suite, même si les personnages centraux ont changé.
On se retrouve donc plusieurs centaines d’années après l’atterrissage du vaisseau l’Estérion.
Les survivants et les générations qui leur ont succédé se sont installés dans une région nommée le Triangle.
Des communautés agricoles foisonnent un peu partout. On les appelle des mathelles. Alors que sur Ester, c’était le patriarcat qui faisait office de loi (rappelez-vous les kroptes), ici, les systèmes sont clairement sous domination féminine. Il existe aussi des communautés religieuses, des djemales, ainsi que des clans de chasseurs qui ont pour mission de fournir de la viande et quelquefois des troupeaux de mammifères (genre yacks) pour pourvoir aux besoins de la population. À ces communautés bien régentées et ordonnées se rajoutent les errants, qui préfèrent ne pas se sédentariser et être plus en communion avec la nature et l’environnement.
On pourrait penser que ces différentes communautés vivent en parfaite symbiose et harmonie. Il n’en est rien, et un mouvement appelé « les protecteurs des sentiers » se fait fort d’avoir pour mission de renverser le pouvoir des mathelles et des djemales. Ces protecteurs m’ont irrésistiblement fait penser au Klu-klux-klan par leur façon de se comporter…
Tout au long de la lecture, on va suivre les pérégrinations de plusieurs personnages.
Orchéron est un jeune homme sur lequel subsistent quelques ombres concernant son passé. Il semble déclencher l’animosité des protecteurs qui se sont fixé comme objectif de l’éliminer.
Alma, jeune apprentie djemale, a de la peine à trouver sa place dans la communauté de ses consœurs. Elle a une autre vision des préceptes qui sont enseignés et devra le payer de manière fort douloureuse.
Ankrel, jeune chasseur de yonks talentueux, quant à lui, va bientôt être abordé par les gardiens des sentiers…
Pierre Bordage est toujours un formidable raconteur d’histoires. Cependant, je me dois d’avouer que cette lecture, même si elle m’a plu, n’est pas un coup de cœur pour moi.
Les personnages ne sont pas aussi forts et attachants que dans Abzalon et, clairement, cette suite n’a pas sa puissance.
Une œuvre que je qualifierais de mineure dans la bibliographie de Bordage…
Cependant, j’ai toujours autant de plaisir à lire cet auteur et je vais bientôt me lancer dans Griots Célestes

Note : 7 sur 10.

Dommage.

Se réclamant d’Abzalon, la vie sur la planète de destination, plusieurs siècles après. La société est matriarcale, mais les protecteurs des sentiers semblent vouloir prendre le pouvoir et s’en prendre à Orchéron, un enfant devenu adulte qui semble cristalliser leur haine.

On n’enlèvera pas à Bordage son style toujours aussi poétique et ses talents de conteur. La religion, le pouvoir et la légende sont les piliers de cette œuvre. Mais il n’a pas réussi cette fois à m’emmener dans son monde.
J’avais, jusqu’ à aujourd’hui, pour principe de toujours finir un livre, au besoin en lecture rapide. Orchéron marque un tournant. Abandonné à la page 200, je n’ai pas réussi à rentrer dans l’histoire. Les tribulations des personnages me laissaient froid. Impossible de s’attacher, impossible de s’immerger dans l’univers de l’auteur qui est resté pour moi complètement hermétique.

Dommage.

Note : 4 sur 10.

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