Critique : « Les Fables de l’Humpur », de Pierre Bordage

Quatrième de couverture : Dans le pays de la Dorgne, des êtres mi-hommes mi-animaux perdent peu à peu leur patrimoine humain et s’enfoncent inexorablement dans la régression animale. Tribus dominantes carnivores, communautés agricoles servant de nourriture aux clans prédateurs, tous sont soumis par le clergé aux lois de l’Humpur, qui punissent de mort les mélanges entre clans et les comportements individualistes. Parce qu’il ne supporte pas de voir la jeune troïa qu’il aime livrée aux appétits collectifs des reproducteurs lors de la cérémonie du Grut, Véhir brise les planches de l’enclos de fécondité et s’enfuit en quête des derniers dieux humains de la légende… lui, le grogne paysan, va accomplir ce chemin en compagnie de Tia, une jeune prédatrice hurle en exil. Voici la fabuleuse histoire du grogne Véhir et de la belle hurle de Luprat…

Premier roman de fantasy de Bordage, Les Fables de l’Humpur regorge de trouvailles et d’audaces, en particulier dans l’invention d’un langage dégénéré inspiré par un très crédible mélange de patois français. Jouant des figures du roman de quête et d’initiation, il réussit un surprenant roman d’amour, beau et captivant, porteur d’une magnifique foi en l’être humain.

Pierre Bordage est né en janvier 1955 à la Réorthe, en Vendée. Après une scolarité sans histoire, neuf ans de karaté et quelques cours de banjo, il s’inscrit en lettres modernes à la faculté de Nantes et découvre l’écriture lors d’un atelier en 1975. Il n’a encore jamais lu de SF, lorsqu’il est amené à lire pour une dissertation Les chroniques martiennes de Ray Bradbury, qui est une véritable révélation. Découvrant à Paris un ouvrage d’Orson Scott Card édité par l’Atalante, il propose Les guerriers du silence à l’éditeur qui l’accepte. Il a publié depuis de nombreux ouvrages (dont les cycles de Wang, L’Enjomineur ou La Fraternité du Panca) qui bénéficient de la reconnaissance des amateurs et des professionnels de la science-fiction à travers notamment le Grand Prix de l’Imaginaire ou le prix Bob Morane.

Détails techniques

Science-fiction / Fantasy

Editeur : J’ai Lu, coll. Millénaires (1999) / Au Diable Vauvert (2010)

573 pages (broché) / 480 pages (poche)

Broché : 23 € / Poche : 8,30 € / Numérique : 7,99 €

A reçu le prix Paul Féval en 2000.

Alors là, je dis bravo !
Je viens de terminer la lecture des Fables de l’Humpur et j’avoue être encore sous le charme de cette histoire.
On se retrouve dans une ambiance fantastico médievale, avec des « hommes » qui se distinguent par des caractéristiques animales. Véhir, le héros de cette histoire est un grogne. Il vit dans une communauté d’agriculteurs et semble tenir autant de l’homme que du cochon. Ici, tout est simple, les lois de l’Humpur régissent tout, il suffit de suivre le troupeau. Mais Véhir va justement ne pas vouloir faire comme tous les vaïrats et il s’enfuit. Il va se retrouver dans une forêt peuplée de dangers, mais sa rencontre avec un autre grogne qui vit en marge de la société depuis des années va influer sur son destin.
J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt l’histoire de Véhir qui, petit à petit, va s’affranchir de son lourd héritage de grogne. Il va rencontrer des prédateurs qui vont, eux aussi, apprendre à voir en lui autre chose que de la nourriture.
Les valeurs chères à l’auteur comme la tolérance, le respect de l’autre, sont bien présentes dans ces « fables ».
La fin a été à la hauteur de cette histoire et je ne peux, une fois de plus, que saluer l’immense talent de conteur et l’imagination de Pierre Bordage.

Une critique de Crazynath publiée le 21 novembre 2016 sur Babelio  à cette adresse.