Critique : « Abzalon » (cycle d’Abzalon – T1), de Pierre Bordage

Quatrième de couverture : Tout le monde craint Abzalon : son physique contre-nature terrorise au premier regard, tout comme son passé qui l’a conduit dans les geôles de Doeq.
Ellula la rebelle, Kropte mariée de force, devine dans ses visions un péril étrange.
Parqués avec dix mille autres parias dans un mastodonte d’acier, plus d’un siècle de voyage intersidéral les attend, sous l’œil clinique des manipulateurs de l’ombre – et de leur macabre décompte.

Dans cette réécriture du mythe de l’Exode, l’espace remplace le désert. La quête de la Terre Promise offrira au monstre la rédemption.

Pierre Bordage est né en janvier 1955 à la Réorthe, en Vendée. Après une scolarité sans histoire, neuf ans de karaté et quelques cours de banjo, il s’inscrit en lettres modernes à la faculté de Nantes et découvre l’écriture lors d’un atelier en 1975. Il n’a encore jamais lu de SF, lorsqu’il est amené à lire pour une dissertation Les chroniques martiennes de Ray Bradbury, qui est une véritable révélation. Découvrant à Paris un ouvrage d’Orson Scott Card édité par l’Atalante, il propose Les Guerriers du Silence à l’éditeur qui l’accepte. Il a publié depuis de nombreux ouvrages (dont Les Derniers HommesLes Fables de l’Humpur, les cycles de WangL’Enjomineur ou La Fraternité du Panca) qui bénéficient de la reconnaissance des amateurs et des professionnels de la science-fiction à travers notamment le Grand Prix de l’Imaginaire ou le prix Bob Morane.

Détails techniques

Science-fiction – T1 du diptyque intitulé Abzalon

Editeur : L’Atalante (1998) / J’ai Lu (2002)

Broché (504 pages) : 26,50 € / Poche (544 pages) : 8,20 € / Numérique : 5,99 €

Excellentissime moment de lecture en compagnie d’Abzalon, Ellula, Artien et tant d’autres ! D’ailleurs, on peut dire que j’ai dévoré les plus de 500 pages de ce roman…
Comme je disais ailleurs, Bordage est en train de devenir mon « Gemmell SF ». Je m’explique : Gemmell, c’est l’auteur dont je garde précieusement les quelques livres qu’il me reste à lire de lui pour quand j’aurai envie de lire de l’excellente fantasy mais, avec sa disparition bien trop précoce, snif, ma réserve s’amenuise inexorablement. Bordage, que « le Tout » le bénisse, a une bibliographie des plus étendues et est toujours parmi nous, ce dont je me réjouis à chaque fois que j’en lis un (je me dis « oh c’est bon, et il m’en reste tant de lui à lire, c’est super ! »).

Abzalon commence fort, très très fort. En compagnie d’Abzalon le « monstre », en prison, qui plus est, et Loello, son compagnon à l’opposé de lui qu’il a pris sous son aile. Incarcération en milieu hostile, voire infernal, car le but est de réduire le nombre des prisonniers de 157 000 à 5000 (et sans procéder à des exécutions mais en provoquant surpopulation de quartiers en fermant la plupart d’entre eux et « famine » au sein de la prison). Autant dire que les conditions de vie y sont plutôt des conditions de mort…

Abzalon, l’assassin de femmes (dont on ne saura pas vraiment le pourquoi, cela m’a un peu manqué), pour son plus grand bien dans ce cas de figure, est énorme et monstrueux et écrabouille ceux qui l’emmerdent (pas nombreux) comme des insectes, Loello lui servant d’yeux car il « sent » les présences alentour. Bref, le roman commence sur les chapeaux de roues ! Enfin, pas tout à fait…
Comme dans Les Guerriers du Silence, on a un prologue à chaque chapitre, « extrait de journal… » des Moncles (Moines de la religion de « l’Un », des clones, autrement dit) du voyage de l’Estérion. Ces prologues, contrairement à ceux des Guerriers du Silence (qui ne faisaient que dévoiler les trucs importants du chapitre et que j’avais fini par sauter), sont très utiles et expliquent bien le contexte social et politique (politico-religieux en fait) de la planète Ester. Comment des colons humains ont débarqué comme en pays conquis, traitant les « Qvals », population autochtone, comme s’ils n’existaient pas, les refoulant en territoires hostiles. C’est très bien écrit, très clair, et les guerres de religion (oui oui, les moines sont ici des tueurs, ça alors, mais où peut-il bien aller chercher tout ça ? Dans notre réalité ? Ah, ben oui…) et d’intérêt pour les ressources naturelles qui font rage détruisent assez rapidement la planète et ses satellites.

Forts de la connaissance de ce destin, les responsables ont décidé de construire un vaisseau interstellaire qui enverra des populations « adaptées à la survie » sur une autre planète, il y en a pour plusieurs centaines d’années de voyage. Je me suis longtemps demandé pourquoi ils envoyaient des kroptes et d’anciens prisonniers avec quelques « Moncles » au milieu. Si vous êtes comme moi, la réponse arrivera en son temps ! Claire, nette et sans bavure…
On s’attache grandement aux personnages, à cette gueule cassée d’Abzalon (et pas que cassé de la gueule, d’ailleurs) et son pote Loello, surtout, et j’ai particulièrement apprécié le Moncle Artien. C’est un personnage magnifique, profond, extrêmement humain, je l’ai vraiment adoré, avec ses « jugements », ses questionnements métaphysiques, son envie d’être « humain »…

Le « féminisme » de Bordage est très présent dans ce bouquin, ce qui n’est pas pour me déplaire. Je mets féminisme entre guillemets car, en fait, Bordage prône surtout la liberté d’être, quel que soit le genre de la personne… (masculin, féminin, clone ou autre… arfeu !)

Je ne pense pas sauter sur la suite lointaine (Orchéron) de suite, je préfère savourer mon bonheur d’avoir lu ce petit bijou. Merci Siabelle pour la lecture commune !

Note : 10 sur 10.

Abzalon ou l’invitation à un long voyage.
Une fois de plus, je suis tombée sous le charme d’une histoire racontée avec tout le talent de conteur de Pierre Bordage.
Abzalon, le monstre, car comment appeler autrement cet être hideux, tueur en série qui a plus de cent meurtres de femmes à son actif, est le héros de cette histoire. Il fallait toute la magie de la plume de Bordage pour réussir à nous rendre ce personnage sympathique.
Abzalon, prisonnier dans un pénitencier, va se retrouver, avec de nombreux autres de ses congénères, dans un vaisseau spatial. Ils vont découvrir peu après le départ du vaisseau, que ce dernier abrite une autre communauté. Les kroptes, qui sont issus d’une société patriarcale où la polygamie est courante et les femmes y sont considérées comme des êtres inférieurs. Une jeune femme, Ellula, va se positionner contre les règles ancestrales qui sclérosent son peuple.
La confrontation de ces deux peuples que tout oppose est un moment phare de ce roman.
Ellula et Abzalon, ou pourquoi pas une nouvelle version de la Belle et la Bête… mais pas seulement.
Presque toute l’histoire se déroule dans un huis-clos vu que nous sommes dans un vaisseau spatial qui va emmener ses passagers vers un but précis avec un objectif bien défini…
Une fois de plus, Bordage aborde les thèmes qui lui sont chers et fustige les religions. La condition de la femme est parfaitement évoquée dans ce livre et je trouve d’ailleurs que l’auteur dresse de très beaux portraits des héroïnes de cette histoire.
Pas un coup de cœur cette fois-ci, mais une lecture plus que plaisante pour ma part.

Note : 8 sur 10.

Sans être au niveau du meilleur livre (pour moi) de Bordage, Wang, tome 1 : Les Portes d’Occident, Abzalon est un très bon livre.

Le début du livre (présentation des personnages) m’a laissé une mauvaise impression. Heureusement, dès « l’embarquement », les choses s’améliorent.

Le style est accessible et donc la lecture aisée.

Le héros, pourtant tueur de femmes, attire immédiatement la sympathie et l’évolution de ses sentiments tout au long du livre va en faire un « honnête » homme.

Le livre a une suite, Orchéron, mais Abzalon se suffit à lui-même.

Note : 8 sur 10.

Me revoilà une fois de plus plongée dans l’univers de Bordage.
Même si Bordage fait du Bordage, il arrive encore a me surprendre.
Ses personnages sont très travaillés et surtout Abzalon qui est en fait un tueur en série de jeunes femmes. Je me suis demandé comment Bordage allait pouvoir travailler ce personnage. Eh bien le plus simplement du monde en intégrant une jeune femme qui allait changer tout l’univers de cet homme.

J’ai aussi trouvé que Bordage faisait un hymne à la femme dans ce roman. Elles sont largement mises en avant et de bien belle manière, même si pour cela elles doivent passer par des moments pas faciles.
Bien sûr, on retrouve les thème récurrents comme le mysticisme non religieux mais également la critique du religieux en lui-même, l’humanisme… tous les thèmes de prédilection de l’auteur et qui portent à réfléchir. Et que j’apprécie.

C’est pour moi encore une très belle découverte dans la bibliographie de Pierre Bordage.
Mais je mettrais quand même un bémol sur l’équilibre du roman. En effet, j’ai trouvé une fin très rapide par rapport au reste du roman. Comme si l’auteur voulait en finir rapidement… Bref, cela m’a dérangée un peu. Ma note sera donc un 4+/5.

Note : 8 sur 10.

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