Critique : « Gilgamesh, roi d’Ourouk », de Robert Silverberg

Quatrième de couverture : « Je suis celui que vous nommez Gilgamesh. Je suis le pèlerin de toutes les routes du Pays et d’au-delà le Pays. Je suis celui à qui toutes choses ont été révélées, vérités dissimulées, mystères de la vie et de la mort, et de la mort surtout. J’ai connu Inanna dans le lit du Mariage sacré ; j’ai terrassé des démons et je me suis entretenu avec les dieux ; je suis dieu moi-même aux deux tiers, un tiers homme seulement. »
 Inspirées de L’Épopée de Gilgamesh, le plus ancien texte épique de l’histoire de l’humanité, voici les mémoires du roi mythique sumérien d’il y a quelque cinq mille années, de son enfance dans la cité d’Ourouk jusqu’à sa quête de l’immortalité. Par un des maîtres de la science-fiction américaine.

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Né à New York en 1935, Robert Silverberg connaît une jeunesse très prolifique  : il publie sa première nouvelle à 18 ans, puis vient son premier roman, et, à 20 ans, il se voit attribuer le prix Hugo de l’auteur le plus prometteur. Dès lors, il multiplie nouvelles et romans sous différents pseudonymes. S’essayant à divers genres, il publie des ouvrages historiques dans les années 1960 avant de donner certains de ses plus beaux romans, notamment L’Homme dans le labyrinthe (1968), Les monades urbaines (1971), L’Oreille interne (1972) et Le Livre des crânes (1972). Il exprime alors le souhait de prendre sa retraite, mais après une période d’accalmie littéraire, écrit Le Cycle de Majipoor dans les années 1980. Le roman inaugural du CycleLe Château de Lord Valentin, demeure son roman le plus vendu. Suivront six autres volets. Robert Silverberg a reçu en 2004 pour l’ensemble de son œuvre le titre de Grand Maître de la science-fiction, la plus haute distinction honorifique du domaine, décerné par l’Association des auteurs américains de science-fiction. Aujourd’hui, il écrit toujours et vit en Californie avec sa femme, Karen Haber, elle-même écrivain et éditrice.

Superbe ! Magnifique ! Grandiose !

Ou comment Silverberg met une épopée antique mythique à la portée de tout le monde !
Ce qui n’est pas forcément des plus faciles à faire…
Et dans un texte en « je », s’il vous plait…
Et en collant au texte original…
Incroyable.

Alors oui, je ne connaissais Gilgamesh que de nom. On ne peut pas s’intéresser à tout, et si je suis pointue en mythologie égyptienne, si je connais bien celles des grecs et des romains, bah la sumérienne m’était inconnue.
J’ai donc fait des recherches. Et il s’avère qu’effectivement, ainsi que l’auteur le dit dans sa postface, il s’est rapproché au maximum des sources antiques, dont la plus longue disponible date de – 700, d’après ce qu’il dit.
« Le système d’écriture mésopotamien est le plus ancien système d’écriture connu à ce jour. » (Wikipedia).
Ecriture sur argile qui, outre son utilité comptable et pour les changements de propriété (eh oui, c’est sans doute pour ça que ça a été inventé, de base, on n’en sort pas), a été le support des premières œuvres littéraires, dont L’Épopée de Gilgamesh. Texte fondateur s’il en est puisqu’on y retrouve le « Déluge » de la Bible (à ma grande surprise, hein, je vous l’ai dit, je ne connaissais pas.)
Alléluia ! (car sans écriture, pas de livres, et sans livres… Sans livres ? Non, ça c’est pas possible…)
Mais je m’égare.

Bref, Silverberg a du talent. Ça, tout le monde le sait, et si vous ne le savez pas, il est grand temps pour vous de le découvrir. Silverberg a, comme beaucoup d’auteurs que j’aime, un profond amour de l’Histoire, une philosophie on ne peut plus riche, voire un mysticisme (si le terme vous déplaît, on va dire une spiritualité) que l’on retrouve partout dans ses écrits en filigrane.

Du coup, quand il s’attaque à une épopée mythologique, qu’il essaie d’ancrer dans la réalité, cela donne un récit d’une richesse inouïe mais pas inabordable. Certes, ce n’est pas batailles et action à tous les étages. Beaucoup d’intériorité dans ce livre. Beaucoup d’humanité aussi, pour un « deux tiers dieu, un tiers homme seulement » ! 🙂
Une épopée et un voyage initiatique qui m’ont transportée, ravie, enthousiasmée.
D’autant plus que c’était une totale découverte.

L’humanité est décrite avec une plume poétique (bien traduite, en plus), mais, d’idéalisée au début, elle devient de plus en plus humaine au fil du récit, pour finir sur les interrogations et questionnements métaphysiques de tout un chacun…
Les voyages et récits initiatiques, c’est là que Silverberg est le meilleur, de mon point de vue (si vous ne connaissez pas Les ailes de la nuit, précipitez-vous).

Bref, encore un coup de cœur, pour encore un livre initiatique… Ça doit être ma période « initiation ».

Note : 10 sur 10.

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