Critique : « La Nuit des Temps », de René Barjavel

Quatrième de couverture : L’Antarctique. À la tête d’une mission scientifique française, le professeur Simon fore la glace depuis ce qui semble une éternité. Dans le grand désert blanc, il n’y a rien, juste le froid, le vent, le silence.
Jusqu’à ce son, très faible. À plus de 900 mètres sous la glace, quelque chose appelle. Dans l’euphorie générale, une expédition vers le centre de la Terre se met en place.
Un roman universel devenu un classique de la littérature mêlant aventure, histoire d’amour et chronique scientifique.

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René Barjavel est né en 1911 à Nyons, dans la Drôme. Fils de boulanger et petit-fils de paysans, il obtient son baccalauréat en 1929, mais ne peut poursuivre ses études supérieures faute de moyens. En moins d’un an, il est alors tour à tour répétiteur, démarcheur, employé de banque, puis journaliste au Progrès de l’Allier où il restera cinq ans. En 1935, il rencontre l’éditeur Robert Denoël, qui lui propose de travailler pour lui, à Paris. Pendant dix ans, il occupe le poste de chef de fabrication, tout en collaborant à différents journaux et revues, en particulier en tant que critique de spectacles. Ses quatre premiers ouvrages, Ravage (1943), Le Voyageur imprudent (1944), Tarandol (1946) et Le Diable l’emporte (1948) n’ayant pas été reconnus par le public, il explore alors d’autres pistes : le théâtre, puis le cinéma. C’est en romançant un scénario de SF qui ne sera jamais tourné, La Nuit des temps (prix des Libraires 1968), qu’il renoue avec la littérature. Suivront Les Chemins de Katmandou (1969), Le Grand Secret (1973), Le Prince blessé (1976), ou encore La Tempête (1982). Parallèlement, René Barjavel signe une chronique hebdomadaire dans le Journal du Dimanche, « Les libres propos de Barjavel », jusqu’en 1979. Quelques années plus tard, il consacre des nouvelles à l’enchanteur Merlin, au Graal, et écrit, en collaboration avec Olenka de Veer, deux romans qui accordent une large place au merveilleux : Les Dames à la licorne (1974) et sa suite, Les Jours du monde (1975), puis L’Enchanteur (1984), version romanesque de ses réflexions sur Merlin. René Barjavel est décédé à Paris en 1985.

Honte à moi, je ne connaissais pas Barjavel ! C’est grâce à Maureen du Bazar de la Littérature que j’ai compris qu’il s’agissait juste d’un grand auteur français… Ce roman est une vieille édition que l’Homme a dû lire durant son cycle scolaire. Sous ses recommandations, je m’y suis donc penchée.

La 4e de couverture nous en dévoile très peu au final et j’avais donc imaginé un certain nombre de choses mais ce fut la surprise totale à la lecture. Il ne faut pas perdre de vue que ce livre date de 1968, la narration et les idées sont donc propres à cette époque de ce que je nomme « la vieille SF ».

Le style est agréable, les chapitres sont courts et immersifs. Les idées développées ici sont très originales, ambitieuses mais toujours réalistes. En tout cas, on a envie de connaître cette autre civilisation découverte sous la glace et on le fera de manière poussée.

Au final, nous n’avons pas un seul héros, contrairement à ce que je croyais au départ, mais tout un panel et surtout le couple « extraterrestre » que l’on apprend à connaître au fil de l’histoire. Le roman est très riche mais est parfaitement accessible à tous (la preuve, mon compagnon l’avait lu au collège, je crois). L’immersion dans l’Antarctique est excellente. Je sentais le froid sur moi !

J’ai bien aimé la vision du monde de l’auteur et son envie d’unir les peuples. L’humanité se soude à la découverte de cette autre civilisation. Il y a une phase d’entraide, de soutien de la part de toutes les nations. Et puis, bien sûr, l’avidité et le pouvoir refont surface. L’humanité se soude, oui, pour le meilleur… et pour le pire.

Pour une fois, nous autres scientifiques, avons le beau rôle (exit les caricatures du film Prometheus !).  Et surtout, nous avons le contrôle ! Déjà à l’époque, l’auteur avait saisi le pouvoir des médias et s’en était bien servi. Il avait aussi bien compris la noirceur de l’Homme.

La fin m’a surprise ! C’était osé et terriblement dommage à la fois. Je ne vous en dis pas plus pour conserver le suspens.

En bref, ce fut une bonne lecture, bourrée de bonnes idées !

Note : 7 sur 10.

Ce récit de Science-fiction illustre magnifiquement le malheureux travers qu’a l’humanité de s’entredéchirer même lorsque les occasions de coopérer s’offrent à elle. Écrit avec sensibilité dans les histoires d’amour, perspicacité dans les ambitions des scientifiques et lucidité quant aux rôles des militaires et politiciens, cette histoire a plusieurs facettes qui sont toutes aussi passionnantes les unes que les autres. Barjavel nous convie ici à une réflexion fondamentale sur l’âme humaine à travers un récit parfaitement maîtrisé, autant sur la forme que sur le fond. Dire que j’ai aimé est bien en dessous de la vérité.

Note : 9 sur 10.

Un livre éternel. Que j’ai dû relire une bonne dizaine de fois depuis 35 ans, sans m’en lasser.
Émouvant et terriblement humain. Un de mes « best of », un de ceux que je prendrais sur une île déserte.

Note : 10 sur 10.

L’équation de Zoran

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