Critique : « Space Opera », de Jack Vance

Quatrième de couverture : Après la mystérieuse disparition de la célèbre troupe de la Neuvième Compagnie, originaire de la planète Rlaru, Dame Isabel Grayce, secrétaire de la Ligue de l’Opéra, affrète le Phébus et se lance dans une grande tournée parmi les étoiles. Elle veut retrouver les artistes volatilisés, mais aussi offrir aux extraterrestres le ravissement de la Grande Musique Classique comme le goût pour l’opéra de l’espace ! Roger, le neveu de Dame Isabel, un jeune homme quelque peu dilettante, embarque lui aussi à bord du vaisseau spatial, et emmène avec lui, en grand secret, sa nouvelle conquête, l’ensorcelante Madoc. Ils sont très loin de se douter des péripéties et des peuples hauts en couleur qu’ils vont bientôt rencontrer.
Jack Vance (1916-2013), est l’un des écrivains de SF les plus importants, auteur de chefs-d’œuvre comme Le Cycle de Tschaï ou Lyonesse. Avec Space Opera, il nous propose un roman de SF dont il a le secret. En véritable magicien de l’imaginaire, il y combine ses ingrédients préférés : truculence et ironie douce-amère, imagination débordante, balade dans des mondes étonnants qui abritent des populations aux étranges coutumes, tout ceci pour notre plus grand plaisir.

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Jack Vance est un infatigable bourlingueur ; il a sillonné toutes les mers du monde et en a rapporté un goût marqué pour l’exotisme qui imprègne chacune des pages de ses livres. Ses univers baroques et chatoyants sont la plus pure expression du fameux sense of wonder, cette faculté qu’ont certains auteurs de nous émerveiller et de nous emporter, dès les premières pages, dans un tout autre monde. Auteur entre autres des cycles de La Terre mouranteLa Geste des Princes-DémonsTschaï et Lyonesse, il a reçu de nombreux prix. En 1997, la Science Fiction and Fantasy Writers of America lui accorde la distinction honorifique de « Grand Maître ». Il avait auparavant reçu nombre de récompenses : les prix Edgar en 1960, Hugo en 1963 et 1967, Nebula en 1966, Jupiter en 1975, Achievement en 1984, GilgamXs en 1988 et World Fantasy en 1990. Il reçoit aussi, en 1961, le prix Edgar-Allan-Poe pour son roman policier, L’Homme en cage.
Il a exercé une influence considérable sur la science-fiction exotique et picaresque, ainsi que la fantasy, ce dont témoignent des livres comme Le Château de Lord Valentin de Robert Silverberg et Le Maître des ombres de Roger Zelazny, ainsi que l’épopée livresque et télévisuelle Le Trône de fer.
Jack Vance est mort en 2013 à l’âge de 96 ans (Wikipédia).

Une bien jolie comédie sociale et « de mœurs » que ce roman un brin décalé, j’ai beaucoup apprécié !
Très réjouissant récit que ce planet-trip organisé par une « lady », destiné à « apporter la lumière » aux pauvres sauvages, et qui se retrouve fort dépourvue quand l’intérêt des sauvages en question n’est pas là où elle le croyait.
Elle est pathétique dans son désir de partager « le grand œuvre » des musiciens dits classiques, en essayant de susciter chez les « autres » l’admiration et l’intérêt pour quelque chose qui lui tient à cœur.
C’est tellement bien vu et bien décrit, ce combat de l’égocentrisme (anthropomorphisme) forcené (si tu me ressembles, tu dois forcément apprécier ce que j’aime) pour se faire entendre là où il n’est justement pas recevable, que ça en devient comique au dernier degré.
Etant donné que je me suis toujours sentie « alien » en ce bas monde, j’avoue que ce récit est venu percuter de plein fouet mon propre vécu jusque dans ma propre famille, que je revis à chaque fois que j’ai le moindre contact avec elle… Je m’y suis retrouvée dans mes tentatives répétées (et totalement vaines) de me faire entendre là où je suis, et pas là où ils auraient voulu que je sois, que mes intérêts diffèrent des leurs et que l’intérêt se doit d’être mutuel pour la différence si on veut arriver à communiquer (avec moi dans le rôle du sauvage, bien sûr)… Communication, partage impossible quand l’un des deux la refuse, cette différence ! Et les mots de la fin de Dame Isabel et du « musicologue » averti sont vraiment réalistes, d’autant plus amusants, donc.
Et là où je me suis améliorée, je le constate, c’est que j’ai trouvé cela distrayant, là où, il y a ne serait-ce que quelques sept ou huit ans, ça m’aurait vraiment très énervée… Tout vient à point…

Le personnage de Madoc est un reflet de Dame Isabel, prête à tout pour arriver à son but, comme elle, mais le reflet qui, lui, prend dans la tronche le fait que son « rêve » n’était pas réaliste et s’en dépatouille comme elle peut, tout en admettant son erreur, l’inverse de Dame Isabel, donc. Le pendant « qui apprend » face au monolithe du « je sais mieux que toi » indigné qui n’évolue jamais. Et ça, ça doit parler à à peu près tout le monde…

Bref, comme dans tout roman, on y retrouve ce qu’on y met en tant que lecteur, et bien celui-ci m’a fait rire, et m’a bien touchée…
Du coup, je lui met 5 étoiles, même si la fin, téléphonée (mais marrante), est en dessous du reste du roman…

Note : 10 sur 10.

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