Critique : « La Terre mourante » (cycle), de Jack Vance

Quatrième de couverture : La Terre se meurt. Chaque matin, le soleil rouge peine à se lever sur un paysage érodé, sur des villes antiques, sur des peuples las. La technologie a disparu, sauf des chroniques, à moins que la magie ne constitue son ultime avatar.

La Terre mourante est une des œuvres les plus marquantes de la fantasy post-Tolkien, tout à la fois dans la lignée des récits du maître et s’en démarquant nettement grâce à son ton décalé et à l’espièglerie de son héros. Un classique à (re)lire.

Photo : Hayford Peirce

Jack Vance est un infatigable bourlingueur ; il a sillonné toutes les mers du monde et en a rapporté un goût marqué pour l’exotisme qui imprègne chacune des pages de ses livres. Ses univers baroques et chatoyants sont la plus pure expression du fameux sense of wonder, cette faculté qu’ont certains auteurs de nous émerveiller et de nous emporter, dès les premières pages, dans un tout autre monde. Auteur entre autres des cycles de La Terre mouranteLa Geste des Princes-DémonsTschaï et Lyonesse, il a reçu de nombreux prix. En 1997, la Science Fiction and Fantasy Writers of America lui accorde la distinction honorifique de « Grand Maître ». Il avait auparavant reçu nombre de récompenses : les prix Edgar en 1960, Hugo en 1963 et 1967, Nebula en 1966, Jupiter en 1975, Achievement en 1984, GilgamXs en 1988 et World Fantasy en 1990. Il reçoit aussi, en 1961, le prix Edgar-Allan-Poe pour son roman policier, L’Homme en cage.

Il a exercé une influence considérable sur la science-fiction exotique et picaresque, ainsi que la fantasy, ce dont témoignent des livres comme Le Château de Lord Valentin de Robert Silverberg et Le Maître des ombres de Roger Zelazny, ainsi que l’épopée livresque et télévisuelle Le Trône de fer (Wikipédia).

Détails techniques :

Science Fantasy – Intégrale compilant les 4 tomes du Cycle de La Terre mourante :

  1. Un monde magique, 1950
  2. Cugel l’astucieux, 1965
  3. Cugel saga, 1983
  4. Rhialto le merveilleux, 1984

Éditeur : Mnémos (2021) – 744 pages (broché) – 35 €

George R. R. Martin et Gardner R. Dozois ont publié une anthologie hommage Chansons de la Terre mourante (Song of the Dying Earth) avec des auteurs comme Neil Gaiman, Dan Simmons, Robert Silverberg, Glen Cook…

Anecdotes (source : Wikipédia) :

  • Le système de magie du jeu de rôle Donjons et Dragons (dans lequel un magicien mémorise des sorts depuis un livre, voit leur nombre limité selon leur puissance, et les oublie au moment où il les lance) est basé sur celui de La Terre Mourante.
  • Un des dieux de la magie dans le panthéon par défaut de D&D est nommé Vecna (une anagramme de Vance).
  • Certains sorts de D&D sont nommés d’après les livres, dont le jet prismatique.
  • Un jeu de rôle officiel, Dying Earth est basé sur la série.

CRITIQUE D’ANDRÉ CHIARONI
T1 : UN MONDE MAGIQUE
Année de parution1950
Nombre de pages192

La Terre mourante sous un soleil agonisant est le décor de ce recueil de petits récits de Jack Vance. On est plus proche du conte type Mille et une nuits que de la Fantasy. La magie règne sur un paysage de ruines immémoriales et de populations résiduelles et décadentes. Vance y déploie son imagination fantastique et son goût des héros naïfs embarqués dans des aventures improbables. Loin du fracas des armées et des conquérants bodybuildés, dans le chuchotement des tentations et des sorts pernicieux, douceur insidieuse et cruauté.

Ma note :

Note : 8 sur 10.

Une critique d’André Chiaroni publiée le 21 mai 2022 sur Babelio  à cette adresse.

T2 : CUGEL L’ASTUCIEUX
Année de parution1965
Nombre de pages224

Un vrai plaisir, cette relecture ! Nous sommes dans une heroic fantasy humoristique. Le soleil se meurt, la terre est mourante, ses civilisations médiévales s’abîment peu à peu entre cultes délirants, monstres aussi dangereux que variés et magiciens pervers…

Là survit d’expédients Cugel, anti-Conan le Barbare ironique dont le cynisme ferait passer Sarkozy pour une petite soeur des pauvres ! Amusez-vous donc à le suivre…

Ma note :

Note : 9 sur 10.

Une critique d’André Chiaroni publiée le 26 mai 2019 sur Babelio  à cette adresse.

T3 : CUGEL SAGA
Année de parution1983
Nombre de pages352

Vance a privilégié dans ses œuvres de Fantasy un personnage original : l’escroc. Car c’est ce qu’est Cugel, éternel errant par la faute d’un magicien rigolard, sur cette terre mourante sous un soleil exténué. Il faut dire que les personnages qui la peuplent sont soit directement prédateurs, soit avides de plumer qui les croise par des méthodes plus ou moins sophistiquées et inventives. Tout n’est que ruse, pièges, trappes, baratineurs invétérés et notre héros y trace sa route parfois escroqueur, parfois escroqué. J’aime bien ce personnage bonimenteur, tricheur, lubrique et rancunier, comme j’aime l’imagination et l’humour de son créateur.

Ma note :

Note : 8 sur 10.

Une critique d’André Chiaroni publiée le 10 juin 2022 sur Babelio  à cette adresse.

T4 : RHIALTO LE MERVEILLEUX
Année de parution1984
Nombre de pages256

Jack Vance nous entraine à nouveau sur la Terre sénescente et son soleil mourant. On y retrouve les magiciens qu’il affectionne avec leurs noms improbables et leurs tenues qui ne le sont pas moins : le héros éponyme mais aussi Vermoulian l’Arpenteur de rêves, Byzant le Nécrope, etc…

Ils passent leur temps en querelles byzantines, en d’interminables arguties, en complots embrouillés à l’aide de sorts étranges (la malédiction de l’Ekystement désespéré, la Démangeaison lugubre de Lugwiler… Ça fait peur !) et de serviteurs d’une fidélité douteuse. L’ensemble est amusant.

Ma note :

Note : 8 sur 10.

Une critique d’André Chiaroni publiée le 28 mai 2022 sur Babelio  à cette adresse.

CRITIQUE DE BENJAMIN MEDURIS
LA TERRE MOURANTE – INTÉGRALE 1

Première partie du cycle de la Terre mourante avec, tout d’abord, Un monde magique, six nouvelles qui introduisent le monde crépusculaire empli de magie tout droit sorti de l’imagination sans bornes de Jack Vance.
Ces premières nouvelles nous permettent donc de nous familiariser avec le style débridé d’un auteur à qui la littérature de l’imaginaire doit beaucoup. Les personnages hauts en couleurs et leurs péripéties rocambolesques n’ont d’égal que les lieux dans lesquels ils évoluent et les créatures qu’ils doivent côtoyer.
Puis, dans la deuxième partie, Cugel l’astucieux, c’est en compagnie de Cugel que le voyage continue. Personnage fantasque, vif d’esprit, il va se retrouver malgré lui transporté dans une odyssée incroyable qui va plonger le lecteur, dès la première rencontre, dans des aventures extraordinaires. L’imagination tourne à plein régime, à travers des situations toutes plus cocasses les unes que les autres, à la découverte de nouveaux paysages et de peuples aux mœurs complètement folles !
L’humour est omniprésent, ce qui, en plus du dépaysement total proposé, fait de cette lecture un moment particulièrement agréable, où on se laisse porter avec un rythme effréné par les aventures de Cugel. C’est bien sûr la roublardise extrême et l’égoïsme de ce dernier qui apportent cette touche singulière… C’est pas qu’on aime Cugel, mais on ne le déteste pas complètement non plus !

Ma note :

Note : 9 sur 10.

Une critique de Benjamin Meduris publiée le 17 septembre 2019 sur Babelio à cette adresse.

LA TERRE MOURANTE – INTÉGRALE 2

Et rebelote pour Cugel qui se retrouve à nouveau sur la même plage où Iucounu le magicien rieur l’avait envoyé la première fois. Tout est à refaire, un nouveau voyage vers le sud, vers Azenomeï, en Almérie, vers de nouvelles aventures à la rencontre d’une tripotée de personnages et de nouveaux paysages. Car, cette fois-ci, le chemin emprunté par Cugel sera différent, mais la lecture, elle, reste savoureuse bien que notre intrépide voyageur se fasse mener par le bout du nez pendant une bonne partie de ce Cugel Saga. Mais il reprend du poil de la bête en avançant et on retrouve alors son inventivité illimitée pour la manipulation et sa débrouillardise infatigable, le tout sans vergogne, à l’aise, en en profitant au max.
Puis nous sommes embarqués au vingt et unième Éon dans Rhialto le Merveilleux. Cette fois-ci, c’est toute une troupe de magiciens accomplis du grand Motholam (région dont le nom rappelle le Mhu Thulan de l’Hyperborée de Clark Ashton Smith) qui vont nous faire vivre des aventures spatio-temporelles provoquées par leur jalousie et leur orgueil, alors que le soleil est plus faible que jamais et que la Terre se meure. Jack Vance est encore très volubile dans cette partie et se lâche sur les termes scientifiques, les sorts et surtout les dialogues truculents.

Si Rhialto et ses collègues m’ont transporté loin dans leurs délires, il faut avouer que Cugel m’a manqué dans la deuxième partie.
Mais la lecture de Cugel Saga comme celle de Rhialto le Merveilleux sont encore très drôles, riches et sacrément plaisantes !

Ma note :

Note : 8 sur 10.

Une critique de Benjamin Meduris publiée le 15 octobre 2019 sur Babelio à cette adresse.

CRITIQUE DE CLURIC

Rhialto le Merveilleux est le quatrième et dernier tome du cycle de La Terre mourante de Jack Vance.

Rhialto est un magicien. Comme tout magicien qui se respecte, il est puissant, d’un orgueil démesuré et avide de pouvoir. Rhialto est rusé et passe le plus clair de son temps à jouir du luxe acquis par ses pouvoirs, quand il ne se fatigue pas à en obtenir toujours plus en complotant. D’ailleurs, pour tous ces points, il agit exactement comme tous ses congénères : sur une terre agonisante et dépeuplée (à part des créatures hybrides venant d’autres mondes, voire d’autres temps ou univers), les occupations constructives manquent…

La Terre se fait vieille, le soleil lui-même semble épuisé par les ans passés à réchauffer cette clique rocambolesque au cœur froid et calculateur. Dans une série d’affaires plus ou moins indépendantes, on retrouve ici de véritables embrouilles où chacun ment pour son profit et surenchérit dans la comédie de l’orgueil outré quand vient le moment de se faire démasquer.

Un livre qui se lit très rapidement (style de Jack Vance oblige), pour ceux qui aiment l’humour à froid, les situations absurdes, les conflits entre personnages !

Du point de vue des défauts : on regrettera que les intrigues ne soient pas un peu plus subtiles (c’est surtout un enchaînement de ruses plus ou moins efficaces) et que les personnages ne soient pas plus développés. Une conclusion un peu décousue au final mais malgré tout sympathique à lire.

Ma note :

Note : 8 sur 10.

Une critique de Cluric