Critique : « Un Monde d’azur », de Jack Vance

Quatrième de couverture : Il y a treize générations, un astronef-prison s’est écrasé sur un monde d’azur. Un vrai paradis. Du soleil, la mer à perte de vue, des îles flottantes, des nourritures marines à profusion. Les castes des Détourneurs, des Voyous, des Canailles et des Publicistes se sont adaptées sans peine à cet environnement enchanteur. Mais tout paradis a ses démons. Les Kragens sont des monstres marins semi-intelligents qui dévorent volontiers les réserves des humains. Le plus redoutable d’entre eux est le Roi Kragen qui protège les humains s’ils le nourrissent. Un protecteur de plus en plus avide à mesure qu’il grossit. Mais comment s’en débarrasser sans armes et sur un monde liquide où le métal est introuvable ?
Un monde d’azur
 est l’œuvre maîtresse de Jack Vance dont on a déjà lu dans la même collection le cycle fameux des Princes-Démons.

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Jack Vance est un infatigable bourlingueur ; il a sillonné toutes les mers du monde et en a rapporté un goût marqué pour l’exotisme qui imprègne chacune des pages de ses livres. Ses univers baroques et chatoyants sont la plus pure expression du fameux sense of wonder, cette faculté qu’ont certains auteurs de nous émerveiller et de nous emporter, dès les premières pages, dans un tout autre monde. Auteur entre autres des cycles de La Terre mouranteLa Geste des Princes-DémonsTschaï et Lyonesse, il a reçu de nombreux prix. En 1997, la Science Fiction and Fantasy Writers of America lui accorde la distinction honorifique de « Grand Maître ». Il avait auparavant reçu nombre de récompenses : les prix Edgar en 1960, Hugo en 1963 et 1967, Nebula en 1966, Jupiter en 1975, Achievement en 1984, GilgamXs en 1988 et World Fantasy en 1990. Il reçoit aussi, en 1961, le prix Edgar-Allan-Poe pour son roman policier, L’Homme en cage.
Il a exercé une influence considérable sur la science-fiction exotique et picaresque, ainsi que la fantasy, ce dont témoignent des livres comme Le Château de Lord Valentin de Robert Silverberg et Le Maître des ombres de Roger Zelazny, ainsi que l’épopée livresque et télévisuelle Le Trône de fer.
Jack Vance est mort en 2013 à l’âge de 96 ans (Wikipédia).

J’ai beaucoup aimé ce récit ! L’imagination de Jack Vance m’épatera toujours, je crois… En plus, je me suis bien amusée !

Outre le fait que le monde d’adoption de ces ex-taulards (les noms des castes, c’est juste trop marrant !) est une unique mer où surnagent des îlots de plantes étranges où se sont installés nos humains, le bestiaire en est carrément surréaliste. La description du Kragen, un rectangle surmonté d’un cylindre avec des nageoires, des palpes pour attraper sa boustifaille et des « énormes » mâchoires ! Mouarf ! C’est plus amusant que cauchemardesque, Vance n’a pas assez lu Lovecraft… Arfeu !

Par contre, mais que l’opposition entre le rebelle libertaire et le vieux con-servateur totalitariste (Staline a dû être pris en exemple…) est bien décrite, comment la montée du « Médiateur » Barquan Blasdel vers la folie tyrannique est bien amenée, là pour le coup c’est du sérieux ! J’ai adoré sa façon de raconter comment un mec petit, borné, lâche et méchant ne supporte absolument pas l’opposé chez Sklar et ses acolytes ! Du coup, ce taré qui veut absolument leur dicter comment ils doivent vivre a pour obsession maladive de les détruire alors qu’ils ne demandaient rien d’autre qu’être tranquilles de leur côté… Ça rappelle certains événements et situations très très actuelles, non ?

Et dans ce roman, il n’y a aucune trace de misogynie… On voit bien que le héros ne comprend rien aux femmes, car les réactions de Meril sont totalement obscures pour Sklar, et c’est sans ton hautain et sans qu’elle soit une potiche. Elle est intelligente, elle réfléchit, elle a même compris d’où venaient leurs ancêtres ! Juste Sklar ne la comprend pas du tout, et c’est tellement bien décrit que je peine à croire que l’auteur soit réellement aussi irrespectueux des femmes que certains veulent bien le dire.

J’ai adoré aussi les avancées technologiques découvertes par Kelso, sur la base d’anciens écrits qui étaient planqués (par qui, ben par Blasdel, bien sûr, z’êtes fous, on va pas aller vers le progrès, nan plus… Non, c’est pas du spoil, ou tout petit, alors !).

La fin, comme toujours dans les romans de l’époque (je trouve le même défaut chez ceux de Dick), est trop rapide, facile. Genre « bon, j’en ai marre d’écrire ce livre et là j’arrête ». Un petit goût de trop peu en ce qui me concerne, j’en aurais bien pris 100 pages de plus, lol !

Note : 10 sur 10.

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